Australie (centre)

Alice Springs : 2 jours - 2 nuits

Étant donnée la météo cyclonique sur Darwin (étape suivante prévue initialement), j’ai changé de programme pour me tourner vers le centre des terres, l’outback.

Ce qui m’a frappé en arrivant à Alice Springs, c’est cette chaleur très sèche et surtout ce vent également très chaud ; ce sont aussi ces nuées de mouches qui se collent à votre visage sans arrêt (mais il paraît qu’en hiver, ces désagréments disparaissent). Passée la phase d’habituation (et avec un bon filet anti-mouches sur la tête), on découvre des paysages hallucinants. J’ai fait une petite rando le long du lit d’une rivière asséchée (elle l’est 360 jours par an), le contraste et la diversité des couleurs y sont saisissants : cieux bleus, terres ocres, troncs blancs de ghost gum (eucalyptus), feuillages verts… Et lorsque qu’émergent de cette palette de couleurs des kangourous…

Road trip au cœur de l’Australie : 4 jours – 3 nuits

J’ai loué pour 4 jours un grand break. Une Ford Falcon Station Wagon 4,0 litres de cylindrée, volant à droite et 340.000 Km au compteur ! avec tout le matériel nécessaire au camping : un swag (petit matelas inséré dans une toile cirée), un sac de couchage (très utile du fait des nuits très fraîches dans le désert), un esky (glacière), une table et une chaise pliantes, tout le nécessaire à la cuisine (y compris le barbecue au gaz !), etc. Par contre, la tente est inutile puisqu’il ne pleut quasiment jamais dans la région…

1. Mac Donnell Range. Petite chaîne de montagnes au milieu du semi désert, sectionnée par des failles dans lesquelles on trouve souvent des trous d’eau permanents et où la vie végétale et animale explose. Certains de ces trous d’eau sont propices à une baignade vraiment rafraîchissante.

Puisque j’avais tout le matériel avec moi, j’ai dormi sur une aire d’autoroute où le camping d’une nuit est autorisé. Ces aires ponctuent les autoroutes tous les 50 ou 100 Km (en fait des routes simple-voie sans glissière centrale de sécurité). Elles disposent d’un petit réservoir avec robinet (pratique pour la douche et le brossage de dents), de tables et bancs en ciment sous abri. Point barre. Pour cette première nuit, pour me tenir compagnie, il y avait un autre véhicule de campeurs allemands et une lune presque pleine.

Ce qui est agréable également, c’est que lorsque le soleil disparaît derrière l’horizon, instantanément, les mouches vous fichent la paix.

2. Kings Canyons : au beau milieu du désert, un magnifique massif est fendu d’un canyon acéré. Les couleurs passent de l’ocre jaune à l’ocre rouge. La rando qui passe par les crêtes peut être fatal pour l’imprudent qui aurait oublié sa ration d’eau… Le fin fond du canyon porte bien le nom de Garden of Eden (toujours à cause de trous d’eau).

La deuxième nuit, je l’ai aussi passée sur une aire, mais cette fois j’étais absolument seul « right in the middle of nowhere ! » et sans lune. J’avoue qu’avant d’éteindre la lumière branchée sur la batterie de ma voiture, j’ai eu un petit moment d’hésitation… Et en fait, c’est l’inverse de ce que j’attendais qui s’est produit. Dès l’extinction des feux, j’ai été envahi d’une sérénité absolue : silence assourdissant et voûte céleste grand format sans le moindre nuage. Ils me font bien rigoler les hôtels avec leurs misérables 5 étoiles…

Le matin, on est réveillé par les cacatoès, les pigeons du désert, mais aussi les corbeaux et… les mouches !

3. Kata Tjuta (The Olga’s) : signifie les 5 têtes. En effet, 5 dômes rouges gigantesques font saillie au milieu du désert. En ce lieu aussi, les perspectives sont majestueuses.

La rando la plus remarquable était fermée ce jour-là sous prétexte de températures trop extrêmes… J’ai donc fait le Français, j’y suis quand même allé. Mais en toute sécurité, c’est-à-dire avec 3 litres d’eau dans le sac et accompagné d’un Allemand et d’une Russe. Nous ne l’avons pas regretté. Qu’utiliser comme superlatifs ? Des photos sont à peine plus parlantes, il faut le vivre…

Uluru (Ayer’s Rock) : le fameux rocher rouge !

Je n’ai pas pu grimper au sommet car les autorités du parc naturel en avaient fermé l’accès pour cause de vents violents. Soit dit en passant, ce rocher est sacré pour les Aborigènes du coin et cela n’a pas empêché les Blancs d’y tracer un passage. Allez donc marcher sur l’autel de Notre Dame de Paris…

Nuitée raisonnable dans le camping du Yulara Ressort (à quelques Km de Uluru), néanmoins toujours à la belle étoile. C’est dingue de penser à ce complexe avec supermarchés, hôtels 5 étoiles, piscines, etc. en plein milieu du désert. Je pense qu’ils pompent des réserves d’eau fossile non renouvelable… À Las Vegas, ils ont le même souci.

4. Retour vers Alice Springs avec arrêt dans le bar dénommé Jim’s Place où Dinky le dingo apprivoisé se met à chanter (aboyer ?) et grimpe sur le piano dès que l’on y joue quelques notes. J’avoue qu’il était en vadrouille (les belles femelles dingos pullulent dans le désert) quand je suis passé…

Pendant ma dernière pause déjeuner sur une des aires d’autoroute, une voiture avec 5 Aborigènes à bord s’est arrêtée près de moi. J’étais une fois de plus totalement seul. Le chef de clan a commencé à m’expliquer que sa batterie était morte et qu’il voulait échanger avec la mienne après que j’eue démarré mon propre véhicule (??). Ensuite, nous nous serions suivis jusqu’à la prochaine station (à une heure de route tout de même). J’ai gentiment refusé, mais ai essayé de trouver des solutions alternatives. Après diverses hypothèses, on a décidé que je les remorquerais avec une corde jusqu’à la station.

Ouf !

Mis à part celui que j’imaginais être le chef, les autres parlaient très mal anglais, sauf que l’un d’eux savait parfaitement dire « please : offer me a fresh beer ». Au final, ce remorquage m’aura coûté une surconsommation d’essence, une bière et une dizaine de clopes. Honnête comme deal… Au fait qui remorquait qui ?

Tant que j’en suis à parler des Abos, il paraît qu’avant l’arrivée des Blancs, 250 langues étaient parlées, elles-mêmes se décomposant en 700 dialectes. La majeure partie est en train de disparaître.

L’insertion des Abos dans la société moderne australienne semble vraiment difficile.

Au final, je me serais donc avalé environ 1.500 Km sans co-pilote !

De retour à Alice Springs, j’ai assisté à un match important au niveau national (d’après ce que l’on m’a dit) d’Australian Football (proche du rugby gaélique) opposant les West Coast Eagles aux Adelaide Crows (76 à 68).