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chaveroundworld

26 décembre 2007

Brésil (Fazenda)

Je me porte volontaire dans la fazenda (hacienda en espagnol) Iracambi.map_brazil
Propriété d’un couple d’Anglais, elle se situe près de la ville de Rosário da Limeira, dans l’état du Minas Gerais au Brésil.
Cette ferme a pour but de travailler avec ses voisins (éleveurs principalement) pour faire en sorte que la conservation de la forêt dite atlantique leur soit plus attractive que sa destruction. En effet, du fait de la richesse du sol en bauxite (à partir de laquelle on extrait l’aluminium), les entreprises minières sont en train de racheter les terres des paysans de la région.
Afin d’essayer de compenser une partie du dioxyde de carbone que j’ai produit en prenant les différents moyens de transport (surtout l’avion) durant mon voyage, mais également pour mon plaisir, je prends part au programme reforestation, partie pépinière de la fazenda Iracambi.

Tout comme Al GORE, Yann ARTHUS BERTRAND et Nicolas HULOT, et en toute humilité (…), je créé donc des puits de carbone (du moins suis-je un maillon de la chaîne)…
Je suis entouré de gens qui pensent comme moi car essayant de s’impliquer dans le développement durable de notre planète souffrante.

Alentours_Fazenda_Iracambi___Ros_rio_da_Limeira___Minas_Gerais___Br_silOn fait nous-même notre pain. On mange le produit des fermes à l’entour (légumes, fruits, lait, fromages, yaourts, miel bios et on ne peut plus artisanaux).
Il y a, bien entendu des Brésiliens, mais également pas mal d’Anglais, un couple d’Américains et un Espagnol.
Tony qui est Catalan d’origine et qui a appris le castillan a l’école (langue qui est appelée « espagnol » depuis l’époque du dictateur Franco…) sera mon mentor durant mon mois de bénévolat.
Il ne parle quasiment pas anglais, j’arrive à le comprendre car j’ai appris le castillan au collège… jusqu’à cePain_et_miel___r_fectoire___Fazenda_Iracambi___Ros_rio_da_Limeira___Minas_Gerais___Br_sil que je me rende compte qu’il me parle portugais… Pourtant, au début de mon séjour, je ne comprenais pas les Brésiliens. J’en déduis donc que le portugais parlé avec un accent d’Espagne est facile à comprendre… Appelons donc la langue pratiquée par Tony : le portugnol.

5 fois par semaines, une cuisinière, Carminha (« carminia ») vient nous préparer le déjeuner. Elle arrive à cheval de chez elle.
En général, nous avons droit à :
Arroz e feijão (riz et haricots rouges) à tous les repas.
Farofa (farine de manioc frite).
Angou (sorte de polenta).
Beaucoup de fruits frais.
Parfois des protéines animales.

Le soir et les week-ends, on fait des tournantes pour les repas et les corvées quotidiennes (faire leR_fectoire___Fazenda_Iracambi___Ros_rio_da_Limeira___Minas_Gerais___Br_sil compost, brûler les déchets non recyclables, etc.). C’est un peu une communauté hippie en plus scientifique…

Les journées de la semaine, je suis dans la pépinière. Le boulot n’est pas extrêmement intéressant, mais je sais que les minuscules plantules dont j’ai la charge deviendront de grands arbres dans le cadre de la régénération de la forêt atlantique qui a été mutilée à 90% durant le siècle passé…
1. Récolte des fruits et graines en forêt. Parfois récolte de jeunes pousses (lorsque l’on est sûr qu’elles sont en surnombre dans leur milieu naturel),
2. Traitement des graines. Divers selon les espèces,
3. Confection du type de sol ad hoc (proportions variables d’argile, de sable, et d’humus),
4. Ensemencement,
5. Disposition sur les tables selon les besoins en ensoleillement,
6. Désherbage,
7. Irrigation,
8. Etc.
Sans compter tous les travaux annexes : construction et réparation des tables qui supportent les plants ; maintenance des citernes et du système d’adduction d’eau (nous ne sommes pas raccordés à un système collectif), etc.

Dans la pépinière, on subit les attaques permanentes de moustiques, tiques et d’un petit insecte très désagréable (qui ressemble au nono de Tahiti). Heureusement que le cadre est magnifique. De plus, les oiseaux par leurs plumages et leurs magnifiques chants, viennent nous divertir. On a également la visite de gros varans, adeptes de notre compost. J’ai même vu une fois un magnifique serpent.

Ici les oiseaux-mouches (ou colibris) sont appelés par le doux nom de beija-flores (embrasse-fleurs). Certains insectes sont plus gros qu’eux. Étonnant de penser qu’ils sont les descendants des dinosaures.

Voir également le site YouTube :
Communaut__Graminha___alentours_Fazenda_Iracambi___Ros_rio_da_Limeira___Minas_Gerais___Br_silhttp://www.youtube.com/watch?v=bDDfap9KRM0

Comme je le disais précédemment, on consomme beaucoup les produits des environs. Un jour, lors d’une balade dans une des communautés de la région, je me suis assis près d’un paysan. Le gars a sorti une feuille de papier A4 plus ou moins grisâtre, en a déchiré un morceau de 10 cm sur 3, y a déposé des feuilles de tabac hachées grossièrement et d’un noir anthracite, produit de son jardin, s’est roulé sa cigarette et s’est fumé avec délectation ce produit fait maison.

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16 décembre 2007

France - Espagne

DSC_2647aJe passe près d’un mois et demi dans ma famille de Belgique et dans celle de Provence (essentiellement chez mon père dans le Luberon).

Ce mois et demi est ponctué d’une semaine sur un voilier de 13 m sur la côte ouest de la Corse entre Ajaccio et Calvi. Fabuleux ! Les paysages se passent de commentaires (voir plutôt quelques clichés sur : http://wwwDSC_2716.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157602140585559/detail/
Il y avait également pour agrémenter le tout, l’excellente charcuterie Corse (Lonzu, Coppa, etc.).
Nous étions 4 personnes à bord : mon père, mon oncle Joël et Jacques, un retraité de 81 ans. C’est ce dernier, d’origine pied-noire, qui a mis une sacrée ambiance à bord. Une sacrée pêche et un humour décapant. Si c’est ça la vieillesse, je signe tout de suite…

Je passe ensuite à :
-    Montpellier une journée et une nuit,
-    Carcassonne, 2 nuits au sein de La Citée,
-    Toulouse, une nuit. Je revois mon pote d’enfance,DSC_2743
-    Anglet / Biarritz, une nuit,
-    San Sebastián (Espagne), une nuit,
-    Madrid, 3 nuits 2 jours. Je revois une amie espagnole que j’avais rencontrée à l’université en Belgique. Visite de la ville, du musée du Prado. Et j’arrive à trouver in extremis (les Espagnoles ne s’intéressent pas du tout au rugby) un pub irlandais qui diffuse le match Nouvelle-Zélande / France.

Puis je prends un vol pour Rio de Janeiro…
Bem vindo em Brasil !

5 août 2007

Chine (Urumqi + Turpan + Tian Shi + Guangzhou)

La province du Xinjiang (« Chine-djiang ») est une zone stratégique car elle représente 16% de la surfaceCarte_Chine_4 totale de la Chine et l’on y trouve du pétrole. Les grandes agglomérations ont été fortement sinisées par Pékin pour cela.
C’est également dans cette province que les essais nucléaires sont menés par le gouvernement chinois.
Les panneaux publicitaires et administratifs sont en caractères chinois bien sûr, mais également en écriture arabe et parfois en cyrillique.
On sent que la route de la soie a fait se croiser et se mélanger des populations d’horizons divers. On peut deviner dans les traits des visages des gens, l’influence des gènes Ouighours, Mongols, Kazakhs, Kirghiz, Han, Russes, etc.Visage_Ouighour___aire_d_autoroute_entre_Turpan_et_Urumqi___Xinjiang___Chine

Urumqi (« Ouroumchi »), capitale de la province du Xinjiang passe pour être la ville au monde la plus éloignée de tout océan (la mer la plus proche est à 2.250 km).

D’ouest en est, la Chine fait approximativement 5.000 km. Malgré cela, Pékin a décidé que toute la Chine appliquerait le même horaire : le sien. Les Ouighours ont donc créé l’horaire non officiel du Xinjiang (2 heures de moins que Pékin) pour concorder plus naturellement avec l’astre solaire.
Les administrations, y compris la poste (qui appliquent l’horaire de Pékin) sont donc ouvertes de 10h00 à 13h30 et de 16h00 à 20h00.

Ici, le plat traditionnel est le Kebab (brochette de viande de mouton).
On mange également selon les saisons, beaucoup de raisin, d’abricots, de pêches, d’amandes et autresVisages_Ouighours___bazard___l_entr_e_des_ruines_de_Gaochang___alentours_Turpan___Xinjiang___Chine fruits secs.
Chameaux___sur_l_autoroute_entre_Turpan_et_Urumqi___Xinjiang___ChineLa religion dominante est l’Islam.

Avec Frank, un Allemand rencontré à Urumqi, nous prenons le bus pour Turpan.
Après 2 heures d’autoroute dans le désert, avec parfois en arrière-fond des pics enneigés, nous découvrons la cuvette verdoyante de Turpan qui était une oasis-étape sur la route de la soie du nord.
C’est le pays du raisin. Certaines rues sont entièrement sous des tonnelles de vignes Rue_sous_tonnelle___Turpan___Xinjiang___Chinepour rafraîchir l’atmosphère torride de l’été.
Nous sommes à 154 mètres sous le niveau de la mer (seconde plus importante dépression après la Mer Morte). À midi, il fait 45°C et l’air est très sec.
Nous visitons les ruines des villes de Jiaohe et Gaochang. Leur histoire esRuines_de_Gaochang___alentours_Turpan___Xinjiang___Chinet très riche pour avoir été des points de passages importants sur les routes de la soie.
En arrière-plan de Gaochang, les superbes « Montagnes Flamboyantes » en camaïeux d’ocres.

Retour à Urumqi.
Avec 3 Japonais que je rencontre dans l’auberge de Urumqi, nous prenons le bus (2,5 heures) pour Tian Chi, dans les montagnes.
Tian_Chi___Xinjiang___ChineNous arrivons près d’un lac entouré de montagnes dont les plus hauts sommets sont enneigés. Il y fait frais, j’ai du mal à imaginer que Turpan et son désert de sable n’est qu’à quelques heures de bus de là.
L’endroit est bondé de touristiques chinois : on y trouve téléphériques et bus électriques.
Mais notre but est d’atteindre le campement de yourtes kazakhes, et comme il faut marcher 45 minutes après la fin de la route, on ne voit plus aucun Chinois…

L’hôte Kazakh s’appelle Rashit, il a la peau brune, les yeux bridés et verts émeraudes. Il parle sa langueRashit___campement_kazakh___Tian_Chi___Xinjiang___Chine maternelle, le kazakh, mais également le ouighour, le mandarin et très bien l’anglais.
Nous nous installons dans le petit campement totalisant une dizaine de yourtes, au Campement_de_yourtes_kazakhes___Tian_Chi___Xinjiang___Chinebord du lac, aux pieds des montagnes. Les moutons, les chèvres, les chevaux et les bovins sont plus nombreux que les humains.

Je grimpe seul sur la colline située derrière le campement. La pente doit être à 50 pourcent.
Les chèvres et les moutons arrivent bien à y grimper, pourquoi pas moi ?
De nombreux faucons tournoient dans le ciel.
Face à ce paysage grandiose, la musique (grâce mon petit lecteur MP3) a sur moi un effet multiplicateur. Surtout la World-Electro-Zen. Excusez le néologisme, mais je trouve que cela synthétise bien le type de musique en question.
Je deviens alors un être purement contemplatif. Je sens les endorphines secrétées par mon propre corpsCampement_de_yourtes_kazakhes___Tian_Chi___Xinjiang___Chine inonder mon cerveau, mon épiderme se consteller d’une agréable chair de poule… The Doors Of Perception (de Aldous HUXLEY), cher à Jim MORRISSON, sans absorption ni injection de psychotropes exogènes.
Je vais arrêter là, on va me prendre pour un illuminé…

Le hasard a voulu que des Kazakhs de Almaty (capitale économique du Kazakhstan), passent la soirée avec nous.
Abattage_mouton___campement_kazakh___Tian_Chi___Xinjiang___ChineRashit et son frère égorgent pour l’occasion un mouton et le préparent à la mode kazakhe : bouilli, sauté ou grillé…
Toute cette viande est tout de même accompagnée de pâtes et de naans (pains épais différent des naans fins d’Inde du nord).
À ma plus grande joie, les ressortissants du Kazakhstan ont un réel désir de nous faire découvrir les us et coutumes de leur pays.
J’ai volontairement omis de leur parler de Borat, le film de Sacha BARON COHEN, censé raconter la vie d’un Kazakh allant faire du journalisme d’investigation aux Etats-Unis. Ce fiKazakhs_et_Japonais___Tian_Chi___Xinjiang___Chinelm ayant défrayé la chronique, je ne voulais pas créer un incident diplomatique durant cette superbe soirée…
Nous avons eu droit à quelques bonnes blagues kazakhes. Je n’ai cependant réussi à en comprendre qu’une seule : quel est l’animal de la création qui mange le plus de viande ? Réponse : le loup. Quel le second être après le loup ? Réponse : le Kazakh.
Bon…
En effet, nous mangeons du mouton à tous les repas, y compris au petit déj !

Les Kazakhs sont intrigués par mon physique, ils ont visiblement du mal à croire que je suis Français (ce Enfant___campement_de_yourtes_kazakhes___Tian_Chi___Xinjiang___Chineque je leur ai dit pour simplifier les choses). Ils me demandent si j’ai déjà mis les pieds en Afrique. Je leur dis que oui, mais leur précise en plus que ma mère y est née et y  a passé les 18 premières années de sa vie. Aux « ahhhh » qu’ils profèrent en chœur, on dirait qu’ils semblent avoir compris quelque chose… Mes notions de génétiques des populations ne doivent pas être identiques aux leurs. Mais cela me satisfait de penser que des gens puissent imaginer que je suis le fruit d’un certain métissage…

Le gamin de la bande (10 ans) ne sait même plus parler la langue de ses ancêtres, mais uniquement leEnfant___campement_de_yourtes_kazakhes___Tian_Chi___Xinjiang___Chine russe. Il faut dire que la Russie est encore bien présente au Kazakhstan puisque son cosmodrome s’y trouve (moyennant un loyer assez important depuis l’indépendance de 1991).

Japonais_dans_la_yourte_kazakhe___Tian_Chi___Xinjiang___ChineEn fin de soirée, les ressortissants du Kazakhstan doivent partir. Nous échangeons nos e-mails et ils me demandent de passer les voir au Kazakhstan. C’est vraiment tentant, mais on verra plus tard.

Je dors avec les 3 Japonais dans une belle yourte. Toutes les couvertures mises à disposition ne sont pas de trop, la température chute fortement durant la nuit.Tour_avec_cloche___temple___Tian_Chi___Xinjiang___Chine

Sur le retour, nous voulons rejoindre la gare de bus en parachevant le tour du lac. Ce sentier-là étant partiellement inondé, nous devons faire un peu d’escalade. L’avantage, c’est qu’en route, nous ne croisons aucun touriste, uniquement d’authentiques campements kazakhs.

Je visite le musée de Urumqi. Y sont exposées entre autres, de belles momies proto-européennes et notamment la beauté de Loulan au magnifique visage. 2.000 ans avant J.-C., un peuple aux cheveux blonds ou roux habitait la région.Momie_Loulan_Beauty

Depuis quelques semaines, l’envie de poser mes affaires dans un lieu confortable commençait à me démanger sérieusement. En effet, cela va faire 6 mois que j’ai quitté mon île et que je change de lit (de dortoir) en moyenne tous les 2 ou 3 jours. Sur Internet, je découvre l’existence d’un billet d’avion Canton – Paris pour 412 € TTC par Egyptair. Et je me mets à rêver que je vide mon sac à dos dans les armoires de la maison de mon père en Provence. Je rêve tout autant d’une vraie douche d’eau chaude et de vraies chiottes bien propres. Je rêve également de céréales au petit-déjeuner, de fromages français, de bons vins, de plats variés. Je rêve aussi de magazines et de bouquins dans ma langue maternelle…
Pour le poisson cru au lait de coco, on verra plus tard…
C’est décidé : je vais faire une pause dans ce voyage. J’achète donc mon billet pour la France.
Avant cela, je dois voler jusqu’à Guangzhou (« guouang-djow »), autrement dit Canton. Je vais en profiter pour visiter cette ville que je ne connais pas.

À canton, je loge sur l’île de Shamian, une ancienne concession franco-britannique (octroyée après les 2 guerres de l’opium). Il y subsiste de beaux bâtiments coloniaux.
Je ne suis pas un fan de la globalisation, mais après pas mal de semaines passées dans la cambrousse, je suis content de trouver un Starbucks Cofee à côté de mon auberge (mais j’ai un peu honte de l’avouer)… Je déguste avec volupté, capuccinos, croissants et pains danois à la cannelle.Starbucks_Cofee____le_de_Shamian___Guangzhou__Canton____Guangdong___Chine
Dans les rues de l’île de Shamian, beaucoup d’Occidentaux se promènent avec des bébés chinois. Ils viennent à Canton pour adopter ces enfants. Cela ressemble à une vraie petite usine bien huilée.

Avec un Australien et un Américain, nous allons faire « Dim Sum » (sorte de brunch chinois constitué exclusivement de hors-d’œuvre) dans Tao Tao Ju, un restaurant très réputé à Canton, sur 4 étages et couvrant plusieurs milliers de m2. Vraiment impressionnant, succulent et pas cher.

Dimanche, je cherche la cathédrale du Sacré Cœur de Canton. Ma carte étant assez peu détaillée, je dois demander mon chemin aux personnes tenant des petits commerces autour. Aucune d’elles ne sait me répondre. Je leur montre pourtant la traduction en caractères chinois du nom de la Cathédrale. Nous sommes pourtant à quelques centaines de mètres de cet édifice religieux. Et ces gens habitent pourtant le quartier depuis des décennies…
Je ne sais pas si c’est la faute de Mao, mais de nombreux Chinois vivent tout de même dans leur bulle. Car cette cathédrale entièrement en granite, de style néo-gothique (fruit de la conception d’un architecte français) est tout de même assez remarquable pour Canton.
Une chose me surprend : la moitié des fidèles de la messe en anglais est constituée de personnes d’origine africaine.

Le 7 août, je prends l’avion pour Paris via Bangkok et Le Caire, avec un mélange de gaieté et de petit pincement au cœur.
J’ai le sentiment néanmoins qu’il était temps que je me pose un petit peu. Je commençais à avoir de la corne sur les fesses (trop de temps passé sur les mauvais sièges de bus et des trains ?)… Désolé, ça ne doit pas intéresser grand monde de savoir cela…
Je vais également essayer de reprendre un peu de poids car certaines personnes trouvent que je suis trop maigre (moins de 70 kg pour 1,83 m). Je leur réponds cependant que mon corps est (en ce moment) parfaitement adapté à mon environnement :
- Pas la moindre surcharge pondérale (j’ai déjà assez avec mon gros sac à dos…),
- Des fibres musculaires fines de marathonien (pour maintenir l’effort dans le temps).
- Dans le contexte des pays chauds : absence de couche de gras (qui fait thermolactyl interne et augmente la température corporelle…).

Après 2 mois passés en Chine, j’ai envie de tirer une petite conclusion sur cette relation amour-haine qui s’est tissée progressivement dans mon cœur et mon esprit.
Ayant été globalement élogieux sur ce pays dans mes articles, j’ai envie de noircir un peu le tableau :
J’ai l’impression que dans le domaine de l’ingérence internationale et de l’arrogance envers les autres nations, la Chine prendra sous peu la place actuellement occupée par les Etats-Unis.
En pire !
En termes d’arrogance, les Français sont bien placés, mais ne disposent pas des mêmes moyens économiques et financiers…
Sur les points suivants en tout cas, la Chine a pris de l’avance :
- Je ne m’étendrai pas sur la sinisation forcée du Tibet et de ses conséquences dramatiques. Le peuple Ouighour, dans la province du Xinjiang n’est pas mieux loti que les Tibétains (même si en tant que descendant de Français colonisateurs de la Polynésie, je suis assez mal placé pour en parler…),
- Je ne reviendrai pas non plus sur la non signature du protocole de Kyoto par la Chine,
Par contre :
- Si les terribles épurations ethniques orchestrées par le gouvernement soudanais continuent au Darfour, c’est partiellement suite au veto de la Chine (membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU) d’y envoyer les casques bleus (même si je crois moyennement en l’efficacité des casques bleus). En effet, les intérêts pétroliers chinois sont importants dans cette région d’Afrique,
- Après que la dette de nombreux pays africains ait été partiellement annulée, la Chine a refait crédit à ces pays en dépit de leur faible capacité de remboursement, générant ainsi une charge disproportionnée de la dette néfaste pour leurs économies. Le but étant d’assouvir les énormes besoins de l’Empire du Milieu en ressources naturelles,
- La totalité des pays dans lesquels coule le Mékong (Birmanie, Laos, Thaïlande, Cambodge et Viêt-Nam) a signé un accord d’information réciproque dès que des travaux ayant un impact sur ce fleuve seraient menés. La totalité ? Non, sauf la Chine (pays le plus en amont) qui est en train de construire d’immenses barrages qui perturberont le cours du fleuve en aval (et qui, soit dit en passant, causent la disparition du poisson-chat géant du Mékong).

Les pays dits développés qui en temps normal, face à de « petits » pays, pratiquent le boycott pour dénoncer des agissements similaires, sont bien trop craintifs face à ce partenaire commercial désormais incontournable…

La Chine est donc en passe de devenir une super puissance. Cependant, tant que ses citoyens doubleront dans les files d’attentes en vous bousculant, qu’ils klaxonneront comme des fous sur les routes et qu’ils hurleront dans les restaurants, je considérerai ce peuple comme sous-développé… Plus sérieusement, ce qui m’inquiète le plus aujourd’hui, c’est le fait que cette potentielle superpuissance soit gouvernée par un unique parti capable de bafouer allègrement  les droits de l’homme et la liberté de la presse. Un autre aspect inquiétant est l’accentuation dramatique des inégalités sociales. Elle est loin l’idéologie communiste…

Plus de photos sur :
http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157601511201513/detail/

Toutes mes photos sur :
http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/

18 juillet 2007

Chine (Sichuan nord + tibétain)

Je prends l’avion de Bangkok à Chengdu (province du Sichuan, Chine). J’y étais déjà venu, mais j’avais20070725184623 l’impression d’avoir bâclé cette région. Peut-être était-ce dû à la fatigue accumulée les mois précédents ?

Sans perdre de temps, je prends un bus pour Songpan, dans le nord du Sichuan.
À cause d’un éboulement sur la route, le trajet se fait en 11 heures au lieu des 8 heures usuelles. Décidément, mon dos et mes fesses me rappellent que j’ai dépassé la trentaine…
Embouteillage_monstre_entre_Chengdu_et_Songpan___Sichuan___Chine
Dès mon arrivée à Songpan, je m’inscris pour une randonnée de 2 jours à cheval dans les montagnes.
De bon matin, notre groupe se constitue : une douzaine de touristes et presque autant de guides de la région. Je suis aux anges, les trois-quarts des guides sont d’ethnie tibétaine.
Rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___ChineIl pleut et il fait froid (10°C), mais la compagnie qui organise le trek est bien organisée, elle nous fournit d’excellents ponchos imperméables.
On quitte la ville de Songpan pour emprunter des sentiers de montagnes. Les chevaux et les mules (qui portent notre matériel nécessaire au campement) sont impressionnants d’agilité. Ils crapahutent au bord des falaises sur des pistes très pentues et caillouteuses sans sourcilier.
Dans la brume, on devine quelques yaks qui paissent.
Pourquoi ai-je donc mis un caleçon et pas un slip ! Aïe !...

Campement___rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___ChineLe campement est installé vers midi près d’une petite route goudronnée.Tib_tains___magasin_de_proximit____rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___Chine
Juste à côté du campement, il y a une petite cahute en matériaux naturels qui fait office de magasin de proximité tenu par des Tibétains. Il n’y a pas grand-chose, mais il y a bien sûr de la bière à température ambiante (donc fraîche…).

Dans l’après-midi, on gagne à pied le parc naturel de Mounigou Gulley dans la vallée de Mouni. Plusieurs sources d’eau cristalline dont la température reste constante tout au long de l’année (environ 11°C) alimentent des cours d’eau qui forment Mounigou_Gulley___Vall_e_de_Mouni___alentours_Songpan___Sichuan___Chinedes bassins aux couleurs turquoises magnifiques, le tout dans un cadre alpin.

Dans le parc, un bassin a été aménagé pour la baignade.
De jeunes Chinois (Han je pense) tiennent absolument à ce que les rejoignent dans le bain. Malgré la température, je cède et comme il n’y a pas de douche au campement, je serai au moins presque propre après cela…Mounigou_Gulley___Vall_e_de_Mouni___alentours_Songpan___Sichuan___Chine
On a l’impression de se baigner dans du Perrier avec une légère odeur d’œuf pourri. C’est l’acide sulfurique (à petite dose ici) qui rend l’eau pétillante et qui lui donne cette odeur.
Je fais des démonstrations de nage papillon et de saut périlleux arrière à la plus grande joie des jeunes. Ce n’est pas de la frime, c’est un moyen de communiquer sans mots…

Après avoir séché et m’être rhabillé, en me baladant sur des sentiers moins pratiqués du parc, je rencontre Tib_tains___Mounigou_Gulley___Vall_e_de_Mouni___alentours_Songpan___Sichuan___Chinedes jeunes Tibétains qui poussent la chansonnette et qui d’après moi sont employés à la maintenance du parc. Ils parlent tibétain, sichuanais et mandarin, mais malheureusement pas anglais. Ils me font signe pour que je m’asseye avec eux. La discussion tourne court après le classique « wo shi faguoren » (je suis Français), je décide donc de leur faire voir certaines prises de vues faites avec ma caméra vidéo.
Ils ont adoré les séquences de tyroliennes, de speed-boat sur le Mékong (lire épisode sur le Laos) et surtout, de reconnaître des amis ou de la famille que j’avais filmésMounigou_Gulley___Vall_e_de_Mouni___alentours_Songpan___Sichuan___Chine quelques heures auparavant.
Voilà comment passer de superbes moments parmi ce peuple fabuleux avec des images et des gestes accompagnés d’onomatopées pour toute explication.
Nous retournons tous ensemble vers la sortie du parc et j’en profite pour filmer 2 jeunes filles qui chantent tout en marchant sur les bords des bassins aux couleurs turquoises. Vraiment charmant.
Un Chinois qui fait partie de mon groupe de touristes m’explique que la chanson est pour moitié en sichuanais et pour moitié en tibétain.
Au revoir chaleureux de cette petite bande de joyeux lurons.

Campement___rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___ChineDurant ces 2 jours, les guides nous préparent d’excellents repas sans aucune protéine animale (mais les champions dans ce domaine, ce sont tout de même les Indiens). C’est très bien comme cela. L’ensemble des besoins en acides aminés est couvert par des produits végétaux. Heureusement que l’humanité ne consomme pas autant de protéines animales que les Occidentaux (ou pire, que les Nord-américains), la planète serait bien incapable de répondre à une telle pression énergétique.

Les tentes doivent être conçues pour le gabarit des Chinois : même en diagonale, j’ai la tête et les pieds qui touchent la toile. Ensuite, j’ai les reins et les fesses en compote. De plus, la température chute brutalement dès que le soleil disparaît derrière lesEnfant_tib_taine___rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___Chine montagnes. Et enfin, mon sac de couchage a pris l’eau au niveau des pieds.
Bref, pas terrible la nuit.
Le lendemain, j’ai les yeux aussi bridés que ceux de mes guides…

Pont_couvert___village_tib_tain___rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___ChineNous empruntons un chemin différent de celui de l’aller. Nous traversons un village tibétain. Un moulin à prière est actionné par le courant de la rivière avoisinante. Des ponts en bois sont couverts avec une jolie structure en bois et des tuiles grises.
Vers midi, nous faisons une petite pause « lait de yak et pain tibétain » sur un plateau, duquel on aperçoit les magnifiques « Ice Mountains ».Rando___cheval_alentours_Songpan___Sichuan___Chine

Pour revenir au siège de la compagnie « Horse Trek », nous devons traverser toute la ville de Songpan. C’est folklorique avec toutes ces voitures et tous ces camions qui foncent autour de nous.

Avant le dîner, j’essaie un massage tibétain. C’est un jeune aveugle qui opère et qui réussit le tour de force de remettre mon dos à neuf.

Petite balade dans Songpan durant la matinée.
Ce village fortifié dont les murailles d’enceinte ont été rebâties, est accessible par des ponts couverts qui Mur_d_enceinte___Songpan___Sichuan___Chineenjambent une petite rivière qui borde la citée au nord et à l’ouest.
L’endroit est assez cosmopolite, on peut y croiser des Tibétains, des Han traditionnels et des Han musulmans (les Hui il me semble, dont les hommes portent la calotte blanche et les femmes un petit voile ne couvrant que le haut de la tête).
Sur les devantures des magasins, les inscriptions sont autant en chinois qu’en tibétain et parfois en arabe.Parc_naturel_de_Jiuzhaigou___Sichuan___Chine

J’enchaîne avec 3 heures de bus jusqu’au complexe touristique situé à l’entrée du parc de Jiuzhaigou (« djiou-dzaï-gow »).
Je n’aime pas du tout le tourisme de masse, mais le tourisme de masse chinois est pour moi leParc_naturel_de_Jiuzhaigou___Sichuan___Chine comble de la répulsion. Or, Jiuzhaigou est l’une des destinations prisées par les Chinois et nous sommes mi-juillet. Je crois que même à Disneyland, il n’y a pas autant de bus stationnés sur les parkings…
C’est décidé, demain, je serai à l’ouverture du parc (7h00) afin d’éviter la cohue…
Soit dit en passant, et je me répète peut-être, c’est fou cette frénésie qu’ont les Chinois pour le tourisme sur leurs propres terres. Je pense que ce phénomène a moins de 5 ans. Ce qui est bien, c’est que dès qu’il s’agit de « souffrir » un petit peu (marche au soleil, balade à dos de cheval, ou nuit sous la tente), il n’y a plus personne. Seuls les fous d’Occidentaux et un peu les Japonais et les Coréens, veulent pratiquer…

À 7 heures moins 5 je suis donc à l’entrée du parc. Il y a déjà foule.Parc_naturel_de_Jiuzhaigou___Sichuan___Chine
Il paraît qu’il y a 20.000 visiteurs par jour en moyenne ! À 99,99% composés de Chinois.
Je fais toute la visite (une dizaine d’heures) avec Thomas, un Suisse Roman que j’ai rencontré dans mon dortoir. Il parle entre autres français et un peu Mandarin.
Je crois que le verbiage est de trop pour décrire ce bijou de la nature qu’est Jiuzhaigou, le mieux est de découvrir les photos : bassins turquoises, cascades, forêts alpines se Parc_naturel_de_Jiuzhaigou___Sichuan___Chinesuccèdent à un rythme incroyable…

La visite est extrêmement bien organisée : navettes permanentes dans tout le parc, sentiers hyper bien balisés (avec parfois des pontons en bois pour enjamber les zones marécageuses), et chose qui m’étonne un peu : pas un papier pas terre. Il faut dire qu’au tarif de 220 YUANS (2.600 F CFP, soit 21,3 EUROS, bus compris), seule la bourgeoisie chinoise peut se permettre une telle visite.

Tôt le lendemain, je prends le bus jusqu’à Huanglong, un autre petit bijou de la nature. La visite peut se faire en 4 heures : ce sont là une succession de bassins créés par des travertins calcaires dont l’eauParc_naturel_de_Huanglong___Sichuan___Chine extrêmement limpide fait penser aux plus beaux lagons de Polynésie, en plus hallucinants…
Je fais la visite avec un couple de Néo-zélandais (qui habite Hong Kong), une Coréenne (qui vit à Xi’an), un Japonais et un Israélien, tous rencontrés à l’entrée du Parc_naturel_de_Huanglong2___Sichuan___Chineparc.

Je suis étonné de voir que le Japonais arrive à communiquer par écrit avec les Chinois sans jamais avoir appris leur langue. Il m’explique qu’en effet, au lycée japonais, les élèves doivent apprendre à écrire et à lire l’ancien japonais qui est très proche des pictogrammes chinois.

Après quelques heures de bus puis de taxi entre Huanglong et Songpan, nous nous retrouvons tous (Néo-zélandais, Coréenne, Japonais et Israélien) à Songpan pour un dîner cosmopolite.

Retour à Chengdu : 8 heures de bus. Ouch !

Hot_Pot___Chengdu___Sichuan___ChineJe retrouve Tim et Barbara, les deux Néo-zélandais rencontrés à Huanglong. Nous allons dans un restaurant spécialisé dans le « Hot Pot », un genre de fondue chinoise hyper épicée, typique de Chengdu. Bien qu’on ait demandé de ne pas trop forcer sur les épices, nous trouvons tout de même que ça arrache ! Délicieux néanmoins.

Je prends le bus (8 heures) pour Kangding, la première ville du Sichuan où les Tibétains deviennent majoritaires.
Je passe de l’été (35°C et 80% d’humidité à Chengdu) à l’hiver (6°C le matin àKangding___Sichuan___Chine Kangding).
La municipalité de Kangding est assez moche depuis que les Chinois y ont construit des buildings à la mode communiste, mais elle conserve un certain cachet par endroits.
Dans les alentours : de magnifiques monastères tibétains.

Temple_Nanwu___Kangding___Sichuan___ChineJe prévois ensuite d’aller dans les pâturages de Tagong, une région typiquement tibétaine encore plus à l’ouest. J’apprends malheureusement qu’il y a un col à passer. Impossible cependant de savoir quelle est son altitude. Cela me fait un peu stresser (lire épisode au Yunnan tibétain)… Tant pis, je ne me suis pas tapé autant d’heures de bus pour me limiter à Kangding. Je gobe donc mes pilules d’herbes tibétaines un jour à l’avance et j’achète une petite bonbonne d’oxygène portative (20 YUANS, soit 234 F CFP ou 2,00 EUROS).
Je rencontre Andrew (du New Jersey) et Nadaz (d’Israël) dans le dortoir de Kangding qui vont également à Tagong.
Le lendemain nous nous levons tous les trois à 5 h du mat pour prendre le bus.Vieillard___Kangding___Sichuan___Chine
Ils avaient déjà leurs tickets, pas moi.
Les guichets m’ayant dit « no bus to Tagong » (j’apprends par après qu’ils ont en fait des quotas de ventes de tickets aux touristes étrangers à ne pas dépasser), je me rabats sur les minibus un peu plus chers, néanmoins raisonnables après négociations.
Le conducteur et les 3 autres passagers sont tous Tibétains.
Nous attaquons la montée. Après une heure, je demande au pilote par signes si l’on va encore continuer à grimper. Il me fait comprendre que non.
Effectivement, au niveau du col qui s’avère n’être qu’à 4 mille et quelques mètres, j’aperçois le chörten (ou stûpa) entouré de drapeaux de prière qui marquent le passage.
Quelques flocons de neige fondante tombent du ciel (on est le 21 juillet !).
Le conducteur fredonne des mantras en tibétain durant le passage du col. Pour conjurer le mauvais sort ?

Moi mis à part, tous les passagers descendent dans un petit village à mi-parcours. Afin de rentabiliser sa course, le chauffeur s’arrête dans une petite pension pour récupérer des Chinois qui veulent aller jeter un coup d’œil aux prairies de Tagong, ce qui constitue pour eux une parenthèse dans leur périple à vélo entre Chengdu et Lhassa. Parmi eux, il y en a un qui a pédalé depuis Shanghai ! Je retire ce que j’ai dit précédemment sur les Chinois qui ne veulent pas faire d’efforts…

Famille_tib_taine___entre_Kangding_et_Tagong___Sichuan___ChineLe temps que les cyclistes en sursis se préparent, le chauffeur m’invite à m’asseoir à la tablée de la famille tibétaine. Nous buvons du thé et nous mangeons des petits momos (pâtés tibétains). J’adore ces moments simples où le dialogue se fait par des gestes et des expressions du visage et où ils me font comprendre que je suis loin d’être un intrus parmi eux.

J’arrive enfin à Tagong et retrouve Andrew et Nadaz. Nous prenons une chambre à trois.
Nous sommes à 3.700 m d’altitude.
Il fait gris et froid depuis plusieurs semaines et il y a des averses très régulièrement.Ext_rieur_Temple_de_Tagong___Sichuan___Chine
Tagong c’est un peu le far-west de la Chine, même si la moto a supplanté le cheval et qu’une petite minorité de Tibétains se grime en habit « excessivement traditionnel » dans l’attente qu’un touriste la prenne en photo en échange d’un petit billet.
En dehors de ces cas isolés, plus des trois-quarts des habitants ont conservé la belle vraie tenue locale. Les hommes ont souvent les cheveux longs, ils portent le chapeau et la veste à manches très longues (elles tombent jusqu’au niveau des genoux).
Autour des temples et des chörten, de nombreux moulins à prières sont actionnés Tagong___Sichuan___Chinepar les dévots. Ces derniers ont également des moulins à prières portatifs qu’ils font tourner en marchant dans les rues.
Des drapeaux de prières sont abondamment fichés sur toutes les montagnes aux alentours.

Après avoir été interdites par le Parti Communiste Chinois, les funérailles célestes sont désormais à nouveau autorisées.
Quelque temps après la mort du défunt bouddhiste tibétain, son corps est découpé au couteau par un Tomden (maître de cérémonie) en grands lambeaux tandis que les os et le cerveau sont broyés avec de la farine d’orge.
Le Tomden s’éloigne ensuite et laisse les vautours frénétiques emporter le tout vers les cieux.
Cette traditioExt_rieur_Temple_de_Tagong___Sichuan___Chinen a un double usage : spirituel et pratique.
Spirituel car le corps n’est qu’un simple véhicule pour l’esprit, et que dans le cadre du cycle de la vie, son don constitue un acte de générosité envers les vénérés vautours (représentants du dieu Dakinis).
Pratique car, dans ce pays, le sol est très souvent gelé (donc difficile à creuser) et le bois est rare (ce serait du gaspillage que de l’utiliser pour les crémations).
Les rares fois où des touristes sont invités à assister à cette cérémonie, il leur est bien entendu fortement déconseillé d’utiliser appareils photos et caméras.
Source : Lonely Planet.

Nous partons de bon et frais matin (avec Andrew et Nadav) sous la pluie et le ciel gris pour une petiteP_turages_de_Tagong___Sichuan___Chine randonnée dans les environs de Tagong.
Il y a quelques monastères intéressants que nous visitons pour partie.
Nous aidons des Chinois dont le 4x4 est embourbé.
Vers 11 h, soudainement, nous avons droit à une belle éclaircie. Nous décidons de grimper sur une grosse colline (qui doit tout de même culminer à 3.800 m) pour mieux apprécier le paysage.
Temple_et_cavaliers___p_turages_de_Tagong___Sichuan___ChineArrivés au sommet, nous avons droit à une splendide vue à 360°, avec en prime et en vrac : pics acérés et enneigés, collines dodues et verdoyantes, fleuves argentés, monastères aux toits dorés étincelants, stûpas patinées, paisibles troupeaux de yaks, marmottes affairées, vautours tournoyants, fleurs multicolores et fraises des bois…

Vers 17 h, sur le retour, le mauvais temps reprend le dessus. La température chute brutalement…Scarab_es_turquoises___fleurs_jaunes___p_turages_de_Tagong___Sichuan___Chine
P_turages_de_Tagong___Sichuan___ChineJe prends évidemment froid…
Ayant sauté le déjeuner, arrivé à la pension, je m’avale un chocolat bien chaud et un porridge à la mode locale, délicieux. Je ne peux pas en dire autant du thé au beurre de yak (au goût rance)…

Le soir, avec Andrew et Nadav, nous retrouvons les Chinois au 4x4 malheureux, pour un gros dîner tibéto-chinois.Moulins___pri_re___ext_rieur_Temple_de_Tagong___Sichuan___Chine

Le lendemain, tandis que mes 2 compagnons continuent vers l’ouest, je reprends le minibus pour Kangding. J’enchaîne presque directement, après une nuit à Kangding, sur 6 heures de bus pour Chengdu.

Demain, je prends l’avion pour Urumqi (« ouroumchi »), province du Xinjiang (« Chine-djiang ») au nord-ouest de la Chine. Je change sérieusement de décor…

Plus de photos sur :
http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157601036481132/detail/
et sur : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157601821803237/detail/

Toutes mes photos sur :
http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/

18 juillet 2007

Thaïlande (Bangkok + Phuket)

En Thaïlande, la junte militaire a toujours le pouvoir (et cela depuis septembre 2006), les élections législatives ont été sans cesse repoussées. En novembre de cette année, la démocratie devrait être rétablie…
Le mois dernier, ce pays a par ailleurs fêté le 60e anniversaire de l'accession au  trône de son roi Bhumibol Adulyadej.

Je pense avoir perdu mon passeport quelque part à Chong Mek, à l’entrée de la Thaïlande. À Bangkok, je contacte donc l’ambassade de France pour leur demander de m’aider à trouver le numéro de téléphone du poste de douane où je pense avoir oublié ce précieux document.
Après une courte conversation avec le douanier de Chong Mek dans un anglais approximatif, il s’avère qu’ils n’ont rien trouvé qui m’appartienne.
Tant pis, je retéléphone à mon ambassade pour qu’ils me fassent un nouveau passeport.
Pas de problème, me disent-ils, ils doivent avant tout envoyer un e-mail à l’entité qui a émis mon passeport perdu (le Haut-commissariat de Polynésie Française) pour leur demander un accord sur la réémission d’un document temporaire (valable un an). Ils me disent aussi que cela prend en moyenne une semaine.
Je suis donc coincé pour au moins sept jours en Thaïlande, région dont je ne suis pas vraiment fan (trop développée pour moi ?). J’achète néanmoins un guide du pays et repère un spot de surf relativement réputé qui fonctionne en ce moment, sur Koh Phuket (koh = île) à 11 km de la ville de Phuket tout court. À Hat Kata Yai pour être précis (hat = plage et yai = grand).
Train de nuit avec couchette jusqu’à Surat Thani, puis 4 heures de bus et me voilà à Kata.

Le gigante_vacuation_tsunami___Kata___Phuket___Tha_landesque Club Med a trusté une bonne part de façade qui donne sur l’océan.
Kata, c’est un peu comme Kuta (à Bali), où comment le tourisme sauvage peut massacrer une île autrefois paradisiaque. On sent qu’il n’y a jamais eu de plan général d’aménagement (de toute façon la corruption l’aurait balayé), et quand une façade d’immeuble a fait l’objet d’efforts esthétiques, il y a toujours ce fouillis d’hideux câbles électriques et téléphoniques qui balafrent le tout.
Et puis les rues grouillent de hippies sur le tard et de gras et blancs Occidentaux en manque de soleil, de bière et de sexe pas chers.
Bon, je vais arrêter de critiquer, puisque j’ai quand même eu de bonnes cessions de surf suivies de bons massages thaïs (les vrais, pas ceux qui ont une « happy end »).

Les effets du tsunami de décembre 2004, ne sont plus visibles. Seuls quelques panneaux indicat_vacuation_tsunami_2___Kata___Phuket___Tha_landeeurs des voies d’évacuation vers les collines, rappellent ce triste épisode. Il y a aussi ces drapeaux de pays scandinaves qui flottent à côté des drapeaux thaïlandais sur les barques des pêcheurs. Des ONG de pays nordiques ont en effet financé la reconstruction de la flottille.
Dans le petit port de pêche, des colonies de crabes violonistes battent la cadence (rite sexueCrabes_violonistes___Kata___Phuket___Tha_landel ?) en agitant leurs pinces disproportionnées.

J’aurais aussi aimé plonger sur des sites de renommée mondiale tels les Iles Surin ou Similan, mais ces parcs nationaux sont fermés actuellement pour cause de mousson. J’ai lu que Burma Banks à 60 km à l’ouest des Surin était l’un des meilleurs au monde. Je serais prêt à revenir en saison sèche rien que pour cela.

De retour à Bangkok, l’ambassade m’apprend que le Haut-commissariat en PF n’a toujours pas répondu à leurs e-mails… Je demande à ma mère et à mon frère (à Tahiti) d’intervenir pour accélérer le processus.

Je prends un « cyber-verre » avec mes deux potes de Tahiti grâce à la magie de Skype, un ordinateur, un microphone, des écouteurs et une web-cam. Excellent !

Après plusieurs relances de l'ambassade sans réponses de Tahiti, ce qui fait encore 2 jours à attendre à Bangkok, la représentation française me fait finalement un nouveau passeport sans attendre les instructions de la PF (mais j'ai dû préalablement aller à la police de Bangkok pour qu’ils me fassent un papier de déclaration de perte. Heureusement qu’ils ne m’ont pas demandé de retourner à Chong Mek !).
J'ai donc eu mon nouveau passeport vers midi, puis j’ai dû aller au Service de l'immigration thaï pour qu'ils me remettent un tampon de date d'arrivée afin de prouver, lors de mon départ de Thaïlande, que je ne dépasse pas le délai de 30 jours sur leur sol.Passeport_C_dric
J’ai donc eu droit aux formalités administratives française, tahitienne et thaï conjuguées en l’espace de quelques jours !
Au final, j’ai compris que c’est parce que l’ambassade de France à Bangkok écrivait mal l’adresse e-mail du Haut-commissariat en PF que la communication ne passait pas…

J'ai fini toutes les procédures vers 15h00, ce qui est trop tard pour faire une demande de visa pour la Chine. Or, on est vendredi, il faut donc que j’attende lundi… 2 jours de plus à Bangkok ! Ce n’est pas possible, il doit y avoir une Thaïlandaise qui veut me retenir ici. J’espère qu’elle est jolie, ou qu’au moins ce n’est pas un transsexuel…

Au moins, tout ce temps passé à Bangkok m’aura permis d’aller au cinéma (cela faisait longtemps), de manger de temps en temps à l’occidental et de mettre à jours divers logiciels de mon ordinateur. Elle est loin l’aventure…

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19 juin 2007

Laos (nord + sud)

Carte_LaosLe temps d’obtenir mon visa pour le Laos, je passe deux jours dans le quartier des routards près de la rue Khao San à Bangkok en Thaïlande.
Je prends ensuite le train de nuit (avec couchettes) jusqu’à Nong Khai, ville frontière. Passée la douane thaïlandaise, j’emprunte le « friendship bridge » au-dessus du fleuve Mékong. Après avoir réglé les formalités d’entrée au Laos, je prends un jumbo (cyclo-pousse motorisé, également appelé tuk-tuk lorsque de taille et de cylindrée plus grandes) jusqu’à Vientiane, la capitale du Laos qui n’est qu’à 20 Km de là.

Moana, une amie de Tahiti me rejoint à Vientiane.

Un dicton français de l’époque indochinoise disait : « le Vietnamien plante le riz, le Cambodgien le regarde pousser et le Laotien l’écoute pousser ».
Les Métropolitains de cette même époque considéraient leurs compatriotes expatriés au Laos comme les plus dissolus de toutes les colonies françaises, ils les appelaient également les mangeurs de lotus.
Encore aujourd’hui, un adage local dit que trop de travail est mauvais pour le cerveau.
Dans de nombreux foyers, la télévision reste allumée quasiment toute la journée…
Voilà un peu pour schématiser de façon manichéenne le caractère des habitants de Lan Xang Hom Khao (nom original du Laos, signifiant million d’éléphants ; parasol blanc. NB : il resterait aujourd’hui 6.000 éléphants au Laos).
C’est peut-être pour être sûr de passer des vacances tranquilles et sympathiques, que de plus en plus de touristes convergent vers cette zone de l’Asie qui s’est ouverte à eux récemment.
Par contre, pour le business, les expatriés nous ont dit qu’ils s’arrachaient un peu les cheveux…

Enfants_Hmongs_alentours_Vang_Vieng___LaosLe passé proche du Laos est pourtant dramatique.
Pour faire court, quelques faits frappants :
- Entre 1964 et 1973, les USA et le Vietnam se sont fait une guerre secrète impitoyable en occupant différentes régions du Laos, cela à l’encontre des accords de Genève de 1962 qui interdisaient toute présence militaire étrangère sur le sol laotien,
- L’intervention de la CIA au Laos (non officielle évidemment) reste à ce jour la plus importante et la plus onéreuse conduite par les USA,
- Lima Site (ou LS 20A ou Shangri-La), nom de code de l’aéroport de Long Chen qui n’apparaissait sur aucune carte, était l’un des aéroports les plus fréquentés au monde (voir aussi le film Air America avec Mel Gibson),Enfant_Tha__L____alentours_Hongsa___Laos
- À la fin de cette guerre secrète, le Laos aura reçu pas moins de 1,9 million de tonnes de bombes sur la face ! Ce qui en fait le pays le plus bombardé au monde avec le triste ratio d’une demi-tonne de bombes par habitant (hommes, femmes et enfants compris) sur une période de quelques années !
- 760.000 litres d’agent Orange (défoliant) ont été déversés sur le pays par les Américains entre 1965 et 66, qui aujourd’hui encore, du fait de leur accumulation Ile_de_Don_Det___Si_Phan_Don___Laosdans la chaîne alimentaire, rendent les enfants difformes à la naissance dans certaines zones du Pays.
- Les Hmongs qui combattaient souvent aux côtés des Américains (et des Thaïlandais) après avoir pris le parti des Français, ont dû à la fin de cette guerre, quitter massivement leur pays. La majeure partie de ceux qui sont restés ont été massacrés. À l’heure actuelle, certains d’entre eux se terrent encore dans les forêts avec des armes obsolètes et une poignée de cartouches…
Source : Lonely Planet.

La chaîne de montagne de l’Annam (grosso modo sur la frontière entre le Viêt-Nam et le Laos) constitue une vraie limite linguistique (écrite et parlée) et ethnique.
Les Lao (qui préfèrent être appelés comme cela plutôt que Laotiens) et les Thaï sont donc « same same, but different » (pour ceux qui connaissent les petites expressions anglophones du sud-est asiatique).

Temple___Vientiane___LaosIci, on ne mange pas avec des baguettes (sauf près des frontières chinoise et thaïlandaise), mais bien avec des fourchettes et des cuillères à soupe. Avant l’arrivée des Français, les Lao mangeaient avec les mains, le riz (souvent gluant) servant à amalgamer les plats en sauces, un peu comme les Polynésiens font avec le uru (fruit de l’arbre à pain), ou les Indiens avec les chapatis.
Les Français ont aussi laissé de façon notoire, la baguette de pain, la Vache qui rit et la pétanque… Ils ont laissé également le mot falang (de falang-sèht) qui désigne aujourd’hui tous les étrangers à la peau claire en général.

Actuellement, il est encore officiellement illégal pour un non-Laotien (à plus forte raison pour unLogo_Laos Occidental) de fréquenter une Lao sous peine d’emprisonnement et/ou d’expulsion.

Visite de quelques temples de la ville de Vientiane et notamment l’un des symboles du sceau du pays : le Pha That Luang, une immense stûpa dorée. Les autres symboles étant : des épis dePha_That_Luang___Vientiane___Laos riz, un engrenage mécanique, un barrage, une autoroute et une forêt. L’esprit prolétaire demeure présent…
Le gouvernement communiste a cependant mis de l’eau dans son vin en 1992 en remplaçant la faucille et le marteau du drapeau, par la lune (emblème saint du bouddhisme au Laos).Drapeau_Laos

Nous passons également à côté du Patuxai, l’Arc de triomphe local qui a été construit avec le ciment que les Etats-Unis avaient fourni originellement pour la construction d’un nouvel aéroport…

Dans le guide Lonely Planet, il est vivement conseillé d’aller au temple Wat Sot Pa Luang pour y tester les Salon_de_massage_et_sauna_aux_herbes_autour_temple_Wat_Sok_Pa_Luang___Vientiane___Laossaunas aux herbes et les massages laotiens, un peu différents de ceux qui sont pratiqués en Thaïlande.
Arrivés sur place, on se rend compte que saunas et massages se font dans des petites cahutes en bois sur pilotis, en dehors du temple, dans un sous-bois.
Ici, pas de chi-chis, on oublie musiques électro-zen, parfums de fleurs et matelas immaculés.
Ici, les masseurs n’ont pas les mains très propres, quelques moustiques vous piquent de temps à autre, les draps sont décorés de dessins de Disney et les chiens aboient sous la maison.
Mais tout cela est tellement authentique, expert et chaleureux.

Dîner assis sur des nattes au bord du Mékong, agrémenté d’une excellente Beerlao (médaille d’or à Bruxelles en 2006 !).

Vientiane - Vang Vieng : 3 heures de bus.
Vang Vieng  est une sorte de Disneyland pour routards :Kayak_sur_le_Nam_Song___Vang_Vieng___Laos
- Les auberges, les massages, la bière et la marijuana ne sont pas trop chers,
- Les restaurants servent entre autres hamburgers, pizzas et pancakes, avec projection en continu des derniers blockbusters américains ou des épisodes des Simpson ouRizi_res_alentours_Vang_Vieng___Laos de Friends,
- On peut faire des descentes de rivière en raft, kayak ou chambres à air de tracteur. Certains routards font la descente saouls et/ou défoncés à la ganja,Trap_ze_sur_le_Nam_Song___Vang_Vieng___Laos
- Dans les fun parks le long de la rivière Nam Song, du fait de sa profondeur, on peut faire du trapèze de cirque suivi du grand plongeon. Le tout avec musique commerciale à fond dans les oreilles et bière fraîche disponible.
Attention : les plats dont la désignation commence par « happy » (crêpes, pizzas, etc.), sont assaisonnés de fleurs de cannabis.

Bord_du_Nam_Song___Vang_Vieng___LaosAutour de Vang Vieng, le fleuve Nam Song serpente aux pieds de dentelles de collines karstiques.
Il y aussi des grottes très profondes (jusqu’à 3 km dans une direction horizontale) à visiter avec de belles stalactites et stalagmites, parfois des bouddhas à l’intérieuBouddha_grotte_de_Tham_Hoi___Vang_Vieng___Laosr.
Certaines de ces grottes sont partiellement immergées : il faut utiliser des chambres à air gonflées pour les visiter. La cave de la photo de gauche peut se visiter jusqu’à 500 mètres à l’intérieur de la montagne.
Grotte_Tham_Nam___Vang_Vieng___LaosOn traverse également quelques villages de minorités ethniques (Hmongs et Khamu) qui ne sont cependant plus habillés de leurs tenues traditionnelles. C’est le gouvernement laotien dans son effort de standardisation qui a construit ces villages sans tenir compte des traditions ethniques.

Vang Vieng – Luang Prabang en bus : 6 heures sur une route zigzaguant dans les montagnes.
Beaux paysages karstiques et villages dont les maisons n’ont pas encore trop intégré de matériaux modernes. Cela change des maisons des nouveaux riches des villes avec leurs colonnes grecques, leurs balustres couleur guimauve et leur simili fer forgé aux pointes dorées…

Luang_Prabang___LaosSur les bords du Mékong, Luang Prabang a conservé son atmosphère nonchalante. La majorité des bars et restaurants a toujours la touche coloniale d’antan grâce à son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le jour où les hideux câbles électriques aériens seront enterrés, la ville approchera la perfection selon moi.Maison_coloniale_Villa_Santi___Luang_Prabang___Laos
Alternativement aux bons plats laotiens et au lao-lao (alcool de riz à 40°), on peut y manger de très bons mets français (y compris de bonnes viennoiseries et du bon vin).

À l’époque où les Français se sont mis à construire des maisons (avec de la main d’œuvre vietnamienne, la locale ayant peu trouvé grâce aux yeux des colons…) au milieu des magnifiques temples bouddhistes centenaires de Luang Prabang, je me Temple_Wat_Xieng_Thong___Luang_Prabang___Laosdemande si on ne les a pas pris pour des iconoclastes. Toujours est-il quTuk_tuk___Villa_Santi___Luang_Prabang___Laos’aujourd’hui, cette ville attire les touristes autant pour ses temples que pour ses vieilles bâtisses coloniales.
L’AFD (Agence Française de Développement), actionnaire de mon ancien employeur, y finance de nombreux projets de rénovation.

Tuk-tuk jusqu’à Tat Kuang Si, à 32 km au sud de Luang Prabang. Des étangs aux eaux turquoises créés par des travertins permettent de belles baignades. En amont de ces bassins, une très belle cascade rebondit sur des blocs de calcaire comme dans les étampes chinoises.Tat_Kuang_Si___alentours_Luang_Prabang___Laos

Aum_ne___Luang_Prabang___LaosLever à 5h30 du mat pour assister à l’aumône. Une file indienne de moines marche dans les rues pour la collecte de leur unique repas de la journée.
Cette ville se transformant en musée à ciel ouvert, elle se vide de ses vrais habitants. Ce sont maintenant les touristes peu informés sur les coutumes qui nourrissent les moines. Il y a des vendeuses ambulantes qui profitent de la béatitude spirituelle temporaire des Occidentaux pour leur fourguer des plateaux-offrandes dont le prix est fixé après le don…
Résultat, les moines ne pouvant plus se nourrir correctement, avaient décidé de rejoindre la nouvelle ville. C’était sans compter le dictat du gouvernement soucieux de préserver cette tradition devenue touristique, qui leur a imposé de rester…Grottes_de_Pak_Ou___alentours_Luang_Prabang___Laos

À une heure de tuk-tuk au nord de Luang Prabang : les grottes de Pak Ou, dans les falaises calcaires du Mékong, ont été ornées de milliers de statues de Bouddha.

Slow_boat___M_kong___Luang_Prabang___LaosSlow-boat sur le Mékong de Luang Prabang jusqu’au village de Tha Suang : 8 heures.
La vie sur les bords du fleuve n’a pas dû beaucoup évoluer depuis des siècles. On y voit toujours des buffles d’eau ruminer, des enfants qui jouent aux toboggans dans la glaise, des pêcheurs avec leurs chapeaux chinois, des cahutes en matériaux 100% naturels…M_kong_entre_Luang_Prabang_et_Tha_Suang___Laos

On enchaîne avec une heure de pick-up 4x4 sur les routes de montagne, jusqu’au village de Hongsa.
Il n’y a pas vraiment grand-chose à voir ou à faire à Hongsa.
Les éléphants apprivoisés qui peuplaient le village ont été remplacés par les engins motorisés, et les pachydermes se sont retirés dans les forêts avoisinantes.
Il y a très peu de restaurants (en fait, deux ou trois que l’on peut réellement désigner comme tel).
Nous mangeons du Laap (plat traditionnel laotien composé de viandes ou de poissons hachés mélangés à de la menthe fraîche, de la citronnelle et du piment) à quasiment tous les repas. La bière tiède est rafraîchie avec des glaçons…
Rizi_res_alentours_Hongsa___LaosNous logeons au Jumbo Guest House. Cette structure est gérée par Oliver, d’origine allemande, né en Thaïlande.
Il habite la majeure partie de l’année à Luang Prabang. Nous avons donc de la chance qu’il soit présent car il partage gentiment avec nous, dans un français parfait, sa connaissance très fine de cette partie de l’Asie.
Il a remis au goût du jour au Laos le savoir-faire de l’élaboration du papier fait à partir de l’écorce du mûrier. De très beaux abat-jours ou des toiles que l’on peut peindre sont confectionnés avec ce support naturel.
Oliver a connu Jim THOMPSON, l’homme qui a relancé l’industrie de la soie en Thaïlande et qui a mystérieusement disparu en Malaisie. L’idée de M. THOMPSON de retourner les façades des maisons Thaïs (les belles sculptures étaient originellement orientées à l’intérieur) lui aurait été soufflée par la mère d’Oliver…

El_phant___Hongsa___LaosBalade à dos d’éléphant dans la campagne et au milieu des villages des Thaï Lü (ethnie minoritaire).
Randonnée dans la forêt primaire. La seule raison pour laquelle cette jungle n’ait pas encore été abattue, c’est que les cendres des défunts y sont répandues après les crémations ; les habitants sont persuadés que les esprits des ancêtres résident dans les arbres.

On est samedi, tous les transports publics ont été mobilisés pour le grand marché hebdomadaire sur la frontière thaïlandaise (à quelques kms de là). Nos devons louer un pick-up 4x4 avec chauffeur pour retourner à Tha Suang. Nous devons ensuite reprendre un bateau pour joindre Pak Beng. Nous essayons,Speed_boat___M_kong_entre_Tha_Suang_et_Pak_Beng___Laos pour changer, le speed-boat local. Il s’agit d’une coque profilée en bois affublée d’un gros moteur et d’un arbre à hélice hypertrophié. En théorie, les ports du casque et du gilet de sauvetage sont obligatoires. Ces speed-boats doivent atteindre 70 km/h, voire plus. Dans les mini rapides du Mékong, c’est assez impressionnant. L’activité « Shotover Jet » de Queenstown en Nouvelle-zélande, la rigueur anglo-saxonne en moins…
Les places assises sont prévues pour des gabarits de Laotiens. De plus, le pilote voulant rentabiliser sa course, il charge un maximum de personnes. Heureusement, le trajet ne durait qu’une demi-heure car nos jambes étaient déjà pleines de fourmis après 5 minutes.

Nuitée à Pak Beng, village de transit assez sympathique, quoiqu’il n’y ait rien de spécial à y faire. L’électricité n’est disponible qu’entre 18h00 et 22h30.
Notre but est de rejoindre Huay Xai, ville frontière avec la Thaïlande.

Le lendemain, pour atteindre Huay Xai, dilemme : nous hésitons entre le slow-boat, peu cher mais bouffant une journée complète (8 à 9 heures de trajet) et le speed-boat, bien plus dangereux et peu généreux en espace vital pour les jambes.
Nous décidons de louer les services d’un speed-boat pour nous seuls. Le bureau de navigations nous propose Speed_boat___Tha_Suang_vers_Pak_Beng___Laoscela pour 150 $ (plus tard on se rendra compte que le prix moyen du marché est de l’ordre de 80 $). Nous allons rejoindre Huay Xai en 2 heures nous disent-ils…
En fin de compte, nous avions bien de l’espace pour les jambes (2 places chacun), mais d’autres personnes sont venues au fur et à mesure de l’avancement sur le Mékong, s’entasser derrière nous. Nous avions la désagréable impression de nous sentir dans la peau de riches colons…
Au final, cela nous a pris 5 heures au lieu des 2 annoncées (le speed-boat s’étant arrêté avant Huay Xai : il fallait tout d’abord prendre un taxi et ensuite attendre que le taxi se remplisse)…
J’ai fait comprendre au pilote de speed-boat qui retournait sur Pak Beng, en mimant des gestes de muay thaï (boxe thaïlandaise), de dire deux mots au personnel du bureau de navigations…
Nous avons appris par la suite qu’une sorte de mafia locale détenait un quasi-monopole sur les speed-boats du Mékong.

Dès notre arrivée à Huay Xai, nous entrons en contact avec « The Gibbon Experience », (http://www.gibbonx.org/gibbon_project.php) une société lancée par des Occidentaux, sur l’idée d’un Slash_and_burn_alentours_Muang_Sing___LaosFrançais et dont les employés sont désormais tous des locaux.
Le concept me plait énormément, il concilie deux objectifs qui étaient initialement opposés : le développement économique des tribus des montagnes (également dites minoritaires) et la préservation de la forêt primaire. En effet, les uniques options pour les ethnies minoritaires (Hmongs majoritairement) de sortir de la misère étaient :
1- de détruire la forêt selon la technique dite du brûlis (le mot anglophone est plus parlant : « slash and burn ») pour la remplacer par des cultures vivrières (vue à très court terme car l’appauvrissement de la terre est rapide dans ce cas et il faut reproduire le même schéma sur l’hectare de forêt avoisinant quelques années après),
2- d’abattre la forêt pour en vendre les grumes à vil prix aux Chinois ou aux Thaïlandais,
3- de planter du pavot pour en tirer de l’opium (le triangle d’or est à un jet de lance-pierre).
4- de braconner les espèces menacées et de les vendre au marché noir (ours d’Asie, tigres, gibbons, etc.).
Désormais, ces montagnards sont gardes forestiers, guides, cuistots, etc. pour « The Gibbon Experience ».

Papillons___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___LaosNous avons de la chance, deux clients se sont désistés, nous obtenons donc deux places pour le lendemain. Les trois autres personnes qui avaient réservé deux semaines auparavant, et qui passeront trois jours et deux nuits avec nous, sont un couple de Néo-zélandais et une Israélienne, très sympas.
Au matin, nous empruntons tous les cinq avec le Land Cruiser et son chauffeur, la route quasiment achevée qui relie le Yunnan à la Thaïlande (ce dernier pays et la Chine n’ont pas de frontière commune). Soit dit en passant, cette route a été entièrement financée et construite par les Chinois. On sent l’artillerie lourde. L’environnement en pâtit sérieusement. Un écologiste laotien qui s’opposait au tracé de cette route qui balafre le parc national de Nam Ha NPA (National Protected Area), plus au nord, a récemment disparu sans laisser de traces…
Arrivés à hauteur du village de Ban Ta Fa, toujours en 4x4, nous traversons un gué puis empruntons des sentiers boueux.
Les Hmongs deviennent majoritaires dans cette localité.Enfants_Hmongs___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laos
Le chauffeur en profite pour faire monter à bord des personnes âgées, des femmes et des enfants qui vont dans la même direction que nous.
Le véhicule est garé dans un petit village hmong et nous continuons à pied pour nous enfoncer dans la jungle de la réserve naturelle de Bokeo. Certaines surfaces de la forêt ont été « slashed and burnt ». Mais bon, ces gens ont faim…
Dans l’une des cahutes isolées dans laquelle nous nous arrêtons, un ourson (recueilli après que sa mère ait été tuée par des braconniers) traîne autour de l’âtre pour y Ourson___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laoschaparder quelques friandises. Malgré son apparence de peluche, il faut s’en méfier car il a la fâcheuse habitude de vouloir mordre sournoisement les mollets de tous les humains qui passent à portée de mâchoire.

Les organisateurs nous avaient prévenus que nous aurions peu de chance d’apercevoir des singes, je comprends néanmoins le pourquoi de l’appellation « The Gibbon Experience » : NOUS allons faire les singes ! En effet, nous empruntons des tyroliennes dont les câbles sont suspendus parfois à 40 mètres du sol au-dessus de la canopée et sur des Tyrolienne___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosdistances allant jusqu’à 300 mètres. Ensuite, nous dormons dans les Cabane_dans_les_arbres___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosarbres, plus précisément dans une cabane construite dans un arbre à 40 mètres du sol.
La cabane dispose d’eau courante, de toilettes à la turque et d’une douche. Au travers de la cuvette des WC et entre les lattes de la douche, on distingue le sol 40 mètres plus bas…
La cuisine est sur la colline d’en face, il faut emprunter une tyrolienne pour y accéder et une autre pour en revenir (forcément, le point d’arrivée doit être plus bas que celui de départ…).

Le jour suivant, randonnée dans la jungle (6 heures de marche) jusqu’à une petite cascade dont l’eau est propice à la baignade. Dommage qu’il y ait tant de sangsues en chemin.

Le dernier jour, nous nous réveillons à 5h30 du mat pour tenter de voir les gibbons. Après une bonne heure de marche dans la boue, nous approchons du pied de l’arbre qui les héberge chaque nuit. Arrivant le premier, j’arrive à voir les quatre derniers gibbons (le groupe serait composé d’une trentaine d’individus) quittant le nid en quête de nourriture. Leur agilité permise par leurs gigantesques bras est impressionnante, ils voltigent d’arbre en arbre. Mes compagnoHmongs___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosns de marche sont moins chanceux, lorsqu’ils arrivent sur place, les primates sont déjà loin.

Couverts de boue et de suçons, nous retournons jusqu’au village hmong. De là nous reprenons le 4x4 jusqu’à Ban Ta Fa où nous disons au revoir à nos trois compagnons qui retournent vers Huay Xai (au sud-ouest), tandis que nous continuons vers Luang Nam Tha (au nord-est) en grimpant à bord d’un « taxi-brousse ».

Nous passons une nuit à Luang Nam Tha, ville sans charmes, carrefour de commerce entre la Chine et la Thaïlande, puis montons dans la benne aménagée d’un pick-up pour le village de Muang Sing, habité par de nombreuses ethnies minoritaires (Thaï Lü, Thaï Neua, Thaï Dam, Hmong, Mien, Lolo et Akha (à ne pas confondre avec les Hakka)).
Dans les rues de Muang Sing, certaines femmes qui ont conservé leurs habits traditionnels (particulièrement de belles coiffes très colorées), tentent sans arrêt de nous vendre des bricoles et de l’opium.
Alentours_Muang_Sing___LaosNous louons un scooter et partons au hasard sur les petites routes alentours. Dans les villages que nous traversons, les huttes ont presque toutes des toits de raphia (la tôle n’a pas encore gagné). Les gens y sont pauvres, mais ils ne meurent pas de faim et sont relativement propres sur eux. Leur fort esprit communautaire suppléé par une terre très fertile, fait qu’ils n’ont pas besoin du soi-disant socialisme mis en place par le gouvernement communiste.

Bien que les plats ne soient pas très excitants, un dîner très animé et drôle s’improvise avec deux New-yorkaises (une d’origine italienne, une autre d’origine suédoise), deux Chiliens habitant la Nouvelle-zélande et un Australien de Sydney. En fait, les seuls falang du village…H_pital___Muang_Sing___Laos

L’hôpital de Muang Sing fait un peu pitié, je n’aimerais pas subir une grosse intervention chirurgicale dans ses locaux…

Après cette excursion dans les montagnes du nord Laos, nous décidons de retourner un peu à la civilisation : Luang Prabang.
Pour cela :
1- de Muang Sing à Luang Nam Tha : 2 h de pick-up,
2- de Luang Nam Tha à Udomxai : 4 h de minibus bondé à craquer,
3- de Udomxai à Luang Prabang : 5 h dans un vrai bus avec cette fois de la place pour les jambes,
Total et d’affilées : 10 h.
Aouch !
La première chose qui nous fait plaisir en arrivant, ce sont les restaurants et la diversité de plats qu’ils proposent.
Question nourriture, je ne suis pas difficile en général, mais j’avoue que dans les montagnes, j’ai souvent senti mon estomac vide réclamer de la nourriture tandis que mon cerveau n’avait aucune envie de se mettre à table. Il fallait que je me force à avaler ma pitance (déjà que je ne suis pas bien épais…). Peut-être est-ce l’accumulation durant ces derniers mois de périodes d’absence de diversité alimentaire (pourtant ponctuées de « fastes alimentaires » à Singapour, Hong Kong, etc.) ?…Luang_Prabang_2___Laos

À Luang Prabang, nous retrouvons nos deux enjouées New-yorkaises rencontrées à Muang Sing et nous refaisons une bonne bouffe tous les quatre aux « 3 Nagas », un restaurant qui a su allier les cuisines laotienne et française, façon haute gastronomie. Très réussie et recommandée par le New York Time.

Nous prenons l’avion pour Vientiane.
Quelques heures plus tard, nous sautons dans un bus de nuit (sans vraies couchettes, mais avec des sièges bien inclinables, cependant encore loin de l’espace 180° d’Air France…) jusqu’à Pakse (sud Laos).
Barge_sur_M_kong_entre_Pakse_et_Champasak___LaosPuis nous enchaînons directement sur un autre bus jusqu’à Champasak. Afin de traverser le Mékong, ce dernier bus doit embarquer sur une barge bricolée (3 coques d’acier équipées d’un moteur sur lesquelles sont visées des planches de bois). Les petites vendeuses de nouilles et de brochettes de criquets grillés grimpent Barge_2_sur_M_kong_entre_Pakse_et_Champasak___Laoségalement à bord. Elles portent toutes des chapeaux chinois.
Les gens ici, dans le sud du Laos, semblent encore plus cools que dans le nord. Ils sont nombreux à avoir la peau très mate, du fait de la forte présence de personnes d’origine khmère (la frontière avec le Cambodge est très proche).

M_kong___Champasak___LaosNous logeons dans une petite auberge dont la grande terrasse donne directement sur le Mékong.
Nous rencontrons un Allemand et un Thaïlandais (d’origine chinoise qui habite l’Allemagne depuis 20 ans) qui voyagent ensemble. L’Allemand parlait très bien français ; le Thaïlandais très bien allemand, mais moyennement l’anglais ; les Laotiens en général parlent bien le thaï car ils sont abreuvés par les émissions de télévision de leur puissant voisin.
Pendant trois jours, lors d’excursions, nous avons régulièrement croisé la route de ce couple germano-thaï. Il était amusant d’obtenir la traduction en chaîne de commentaires laotiens par un Thaï interprétant en Alentours_Champasak___Laosallemand, pour finir l’explication d’un dernier intermédiaire en français. Je suis clair ?...

Nous louons des vélos.D_tail_Wat_Phu_Champasak___Laos
Les alentours de Champasak sont magnifiques. De nombreux paysans labourent encore leurs champs grâce à la traction animale des buffles d’eau, un chapeau chinois visé sur la tête. Nous visitons Wat Phu Champasak, temple khmer classé dans une catégorie dite pré-Angkor. De taille bien plus modeste qu’Angkor Wat, la finesse des sculptures et des bas-reliefs y est néanWat_Phu_Champasak___Laosmoins exceptionnelle.

Chutes_de_Khon_Phapheng___M_kong___Si_Phan_Don___Laos3 heures de bus jusqu’à Si Phan Don (signifiant 4.000 îles). À cet endroit, le Mékong s’élargit considérablement et se pare d’un immense archipel d’îlots, dont certains ont des plages bordées de cocotiers. Lorsque l’on remonte ce fleuve du Viêt-Nam puis du Cambodge, au niveau de Si Phan Don, il faut emprunter un autre moyen de transport que le bateau car des cataractes font obstacle.

Nous logeons sur l’île de Don Det. De nombreux routards viennent se reposer dans ce havre de paix exempt de véhicules. Seules les pirogues à moteur passent de temps à autre sous les fenêtres.
Les hôtels ne sont constitués que des petites cabanes en bois. L’électricité n’est disponible que de 18  à 21 heures. Malgré la présence de nombreuses pensions de familles, l’intérieure de l’île est toujours couverte de rizières cultivées à l’ancienne.

Bus jusqu’à Pakse, puis autre bus jusqu’à Bon Ratchathani (en Thaïlande) et enfin bus de nuit jusqu’à Bangkok.
Retour brutal à la société de consommation exagérée. Nous sommes cependant contents d’aller au cinéma dans de superbes salles…

Moana reprend l’avion pour Tahiti.
Mon voyage reprend une tournure solitaire.

Plus de photos sur :

Laos nord : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600695927643/detail/

Laos sud : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728259873/detail/

Toutes mes photos : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/

29 mai 2007

Chine (Sichuan centre + Hong Kong + Macao)

Carte_SichuanJe prends l’avion de Zhongdian à Chengdu via Kunming.

Chengdu est la capitale de la province du Sichuan.

Cette province passe pour être la plus cool de Chine.

Les commerçants ne vous forcent pas la main, certains dorment même sur le comptoir de leurs boutiques.

La nourriture peut y être extrêmement épicée. Heureusement il y a de l’eau chaude à boire (cette boisson est habituelle durant les repas dans toute la Chine).

Les femmes y sont belles.

Le Panda géant peut y être rencontré à l’état sauvage dans certaines réserves.

Un vieux dicton chinois dit : n’allez jamais au Sichuan tant que vous êtes jeune, vous risquez d’y rester à vie. Pourtant, dans les faits, cette provincTemple_Chengdu_Sichuan_Chinee se vide actuellement de ses habitants attirés par le développement économique des provinces côtières.

Perdu au milieu des buildings, le vieux Chengdu est composé de petits édifices au charme suranné. De beaux temples font toujours l’objet d’un culte réel (non touristique).

J’ai la confirmation visuelle (après avoir traversé quelques provinces chinoises) que deux grands groupes européens ont raflé le marché automobile chinois : VAG avec ses Volkswagen - Audi et PSA avec ses Citroën. Cette dernière marque paraît cependant en grande perte de vitesse (les nouveaux modèles en remplacement de la ZX ne semblent pas plaire aux Chinois) face à la montée des japonaises et de leurs clones made in China.

Bouddha_g_ant_Leshan_Sichuan_ChineVisite du Bouddha géant de Leshan à une centaine de Km au sud de Chengdu accompagné d’une bande de joyeux lurons Belges et Anglais.

Leshan_Sichuan_ChineSculpté dans la falaise longeant la confluence des fleuves Dadu He et Min He, il passe pour être le plus grand bouddha assis du monde avec ses 71 mètres de haut et ses oreilles de 7 mètres. À ne pas confondre avec le plus grand bouddha du monde debout en bois ; avec le plus grand bouddha du monde couché en bronze ; avec le plus grand bouddha du monde en position du lotus en pierre ; etc. etc…

Sa réalisation a commencé en 713 après JC pour se terminer en 803.

Falaise_aux_milles_Bouddha_Leshan_Sichuan_ChineNous enchaînons (toujours avec la même bande) sur la falaise aux 1.000 bouddhas (en fait 2.400) à quelque Km du bouddha géant.Nord_de_Leshan_Sichuan_Chine

Les trafiquants d’antiquités ont fait sauter au burin les têtes de nombreuses statues sculptées à même la falaise pour les revendre au marché noir pour une poignée de Kwaï (argot désignant la devise Yuan).

Le soir avec des amis Français et Québécois récemment rencontrés, nous sortons dans un bar chinois reggae et rap. Les serveuses et les serveurs sichuanais ont des dread locks et des baggy pants

J’avais installé dans les « favoris » de mon navigateur Internet de mon ordinateur portable, un lien à l’encyclopédie libre en ligne Wikipedia, très pratique.

Hualongxi3_Sichuan_ChineOr, depuis que je suis en Chine, impossible de me connecter.

Je viens de comprendre pourquoi : l’accès à ce site est censuré par le gouvernement chinois, car il paraît que les Fabrication_de_chaussures_Hualongxi_Sichuan_Chinedéfinitions liées à la Chine (et au Tibet) ne sont pas favorables au Parti Communiste Chinois… On m’a dit que Google avait fait allégeance aux desiderata de Pékin et a ainsi eu droit de diffusion. Wikipédia a par contre conservé sa totale liberté de presse et n’a pas d’impératifs de rentabilité économique aussi poussés que Google…

À 40 Km au sud de Chengdu, le superbe village de Hualongxi (« Houa-long-chi ») a servi de Hualongxi4_Sichuan_Chinedécor à certaines scènes du film « Tigres et dragons », particulièrement une poursuite sur les toits de la ville.

Hualongxi2_Sichuan_ChineLa plupart des bâtiments sont désormais constitués de béton, mais la peinture est appliquée de telle sorte (une couche de blanc, une de jaune, puis une hétérogène de brun) que l’on jurerait du bois.

Les prévisions météorologiques sont mauvaises sur Songpan, Jiuzhaigou et Emei Shan pour les 7 jours à venir. Ces 3 lieux-dits du Sichuan sont réputés respectivement pour :

- Les balades à cheval sur les contreforts de l’Himalaya,

- Les étangs aux couleurs turquoises créés par des travertins calcaires,Hualongxi_Sichuan_Chine

- Les randonnées en montagne parsemées de temples bouddhistes.

Carte_Hong_KongTant pis, je n’ai pas envie de me faire doucher, je repasserai peut-être plus tard.

Je décide de rejoindre deux amies sur Hong Kong : Karine qui y habite depuis quelques années et Amandine (ex-collègue de banque), une amie commune qui est venue de Tahiti passer quelques semaines entre Hong Kong et Bangkok. Elles sont toutes deux de pères Français et de mères Chinoises.Isola_Bar_IFC_Hong_Kong_Chine

Avion de Chengdu à Shenzhen, puis fast-ferry jusqu’à Hong Kong.

Bien que cette dernière ville soit revenue dans le giron de la Chine en 1997, elle conserve sa monnaie (le $ HKG qui vaut quasiment 1 Yuan) et un statut spécifique (SAR : Special Administrative Region). Elle a en effet une très grande autonomie pour encore 50 années. Seules la défense et les affaires étrangères sont pilotées depuis Pékin.

Attention, si vous avez un visa chinois du type « entrée unique », le fait de mettre les pieds à Hong Kong vous interdit un retour en Chine continentale sauf à refaire un nouveau visa…Gratte_ciels_Hong_Kong_Chine

Cette New York de l’Asie est un concentré de matière grise. Elle est loin l’époque du Made in Hong Kong. Toute la production est désormais assurée par les usines de Shenzhen, Guangzhou (Canton) et alentours qui drainent la main d’œuvre bon marché des régions pauvres avoisinantes.

Bien que citée hi-tech, les échafaudages y restent faits de bambous. Même le long des gratte-ciels !

Karine parle plusieurs langues, elle maîtrise entre autres parfaitement le français et le mandarin. Elle est chercheuse au CEFC (Centre des Etudes Françaises sur la Chine). Je découvre grâce à elle, plusieurs subtilités sur la Chine :

- Fa-guo (France) signifie loi-pays. Serait-ce parce que la France aurait inventé la première constitution ?

- Zhong-guo (Chine) signifie milieu-pays, pour empire du milieu,

- Lorsque de vieux Chinois donnent le prix d’un objet en utilisant les doigts de leurs mains, ils schématisent les pictogrammes. Exemple : ils font une croix avec leurs deux indexes pour signifier 10 Yuans parce que le nombre 10 en pictogramme chinois a la forme d’une croix. Voilà pourquoi je ne comprenais quasiment jamais les prix demandés…

Hong_Kong_vue_de_Kowloon_ChineNous écumons plusieurs bars latinos salsa (L’Armani Bar qui joue de la salsa jazz le lundi et le One Fifth qui va fermer ses portes pour rouvrir à Pékin).

Dans l’un d’eux, je discutais avec une Hongkongaise des différentes salsas dansées de par le monde (portoricaine, mexicaine, cubaine, etc.) et lui faisait la remarque de l’éventuelle émergence d’une salsa hongkongaise. Elle me répondait qu’elle existait bien et que sa principale caractéristique la démarquant des autres était d’être « offbeat » (hors rythme). C’est elle qui l’a dit…

Une marque de sportswear qui cartonne ici : « Le Coq Sportif »…

Au centre culturel de Hong Kong, nous allons voir le spectacle dénommé « Les Créatures » interprété par Les Balais de Biarritz (mélange de classique et de moderne) dans le cadre du French May, un festival annuel qui se déroule ici.

Dîner haute gastronomie au très chic Café Causette dans l’hôtel Mandarin Oriental.

Je prends le tram jusqu’au Victoria Peak, le point culminant de l’île. L’ascension se fait à près de 45°. La végétation y est encore relativement préservée, même si tout en haut, au terminus du tram, un gigantesque centre commercial a été édifié. Les stars du cinéma hongkongais, les tycoons et les parrains de triades ont également de belles villas au milieu de la jungle.

Ferry jusqu’à l’île de Lamma (appartenant à Hong Kong), sur laquelle les voitures sont interdites.

J’y déguste des squilles (crustacés appelés varo par les Tahitiens) en croûte de sel et poivre pour une centaine de $ HKG. Suc-cu-lent !

Jackie_CHAN_avenue_of_the_stars_Kowloon_Hong_Kong_ChineSur le continent, mais dépendant de Hong Kong (tout comme les New Territories gagnés par les Anglais Bruce_LEE_avenue_of_the_stars_Kowloon_Hong_Kong_Chineaprès la seconde guerre de l’opium) : le quartier de Kowloon et son « Avenue of stars ». Sur le modèle de Hollywood Boulevard, des étoiles de bronze et des noms (parfois des empreintes de mains) de stars du cinéma hongkongais s’égrainent sur le sol de la promenade longeant le Victoria Harbour. Au bout, la statue du fameux LI Xiao Long (« LI Chiao Long », textuellement : LI petit dragon). Si je vous dis que ses nom et prénom ont été américanisés, et notamment que son prénom Xia Long s’est transformé en Bruce, vous voyez de qui il s’agit ?Macao_Chine

carte_MacaoFerry jusqu’à Macau (Macao) à une heure de Hong Kong. Cette ville qui a été portugaise jusqu’en 1999, fait également partie des SAR (Special Administrative Region). Durant 50 années encore, elle jouira d’une très grande autonomie. La monnaie est le Pataca, mais le $ HKG y est accepté presque partout.Place_Largo_de_Senado_Macao_Chine

Il faut remplir de petites formalités douanières à l’entrée et à la sortie.

Le nom des rues et les panneaux administratifs sont tous en chinois et en portugais. L’anglais fait office de 3e langue montante.

Dernière soirée dans l’une des boîtes jet set de Hong Kong : le Dragon-I (ou D-I pour les initiés). Un brin m’as-tu-vu, de nombreuses mannequines viennent se faire payer des bouteilles de champagne. Cette boîte serait détenue par des mafieux.

D’ici quelques décennies (voire moins ?), je vois de nouvelles ethnies (je n’aime pas trop ce système de classification, mais il faut avouer qu’il est bien pratique) dominer le monde des affaires, au détriment des Anglo-saxons. Tout d’abord, les Han (les Chinois quoi !), ensuite les Hindis et peut-être les Sikhs. Je suis époustouflé par la rapide montée en puissance de ces personnes encore qualifiées de « sous-développées » il y a peu.

Plus de photos sur :

Hong Kong et Macao : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600709805604/detail/

Sichuan : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600710447828/detail/

Toutes mes photos : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/

17 mai 2007

Chine (Yunnan tibétain)

Carte_YunnanJe prends seul le bus local de Lijiang jusqu’à Zhongdian (« dzong-diane ») également appelée Gyeltang ou Gyalthang par les Tibétains. Nous sommes toujours au Yunnan, mais les Tibétains sont majoritaires. Il y a également une douzaine d’autres ethnies minoritaires aux tenues chatoyantes (les Yi, les Mosu, les Dai, etc.).
Depuis quelques années, le gouvernement central chinois a décidé que cette ville s’appellerait Shangri-La, en référence au roman « Lost Horizon » de James HILTON, le paradis utopique tibétain. Ce serait autour de Zhongdian que l’écrivain aurait puisé son inspiration. Il me semble que d’autres pays revendiquent cela aussi, le Myanmar (Birmanie) par exemple…Zhongdian__Shangri_La__Yunnan_Chine
Les Chinois ont déployé l’artillerie lourde pour que ce petit village devienne un pôle touristique majeur. Les matériaux traditionnels sont bien utilisés, mais la ville va certainement perdre son âme, les habitations étant remplacées par des commerces, restaurants et autres hôtels.

Tous les soirs vers 19h00, les habitants (ainsi que quelques touristes) dansent leurs farandoles locales sur la principale place du village.

Danse_Zhongdian__Shangri_La__Yunnan_ChineLe temps est humide et les températures oscillent entre 1°C le matin et 15°C à midi. Rude pour un Tahitien.

Je voulais tenter ensuite le Tibet, mais la Chine, non contente d’avoir fait main basse sur ce pays dans les années 50 (quelle fierté quand on voit à quel point le peuple tibétain est pacifiste…), fait en sorte qu’il soit difficile d’y entrer. En effet, il faut attendre 5 jours ouvrés pour obtenir le permis qui coûte un paquet de Yuans et on est obligé de former un groupe supervisé par un guide officiel.
Depuis que des Américains ont manifesté dans les rues de Lhassa contre le passage de la flamme olympique (ils estiment à raison que le Tibet ne fait pas partie de la Chine), les autorisations sont encore plus difficiles à obtenir.

Cela me fait penser par ailleurs au fait que les Etats-Unis ne sont pas intervenus pour libérer le Tibet comme ils l’ont si gentiment fait pour le Koweit…

Je vais donc devoir prévoir une autre destination, mais je désire tout de même monter encore plus au nord-ouest du Yunnan, plus à l’intérieur de la chaîne himalayenne.

Zhuoma, une jeune guide tibétaine de Deqin (« dé-tchine », dernière ville du Yunnan avant le Tibet) me Zhongdian_3__Shangri_La__Yunnan_Chinepropose de partager les frais de taxi de Zhongdian jusqu’à sa ville natale. Elle me propose également d’être mon guide autour de Deqin et notamment sur la montagne sacrée Kawa Karpo (aussi appelée Meili Xueshan) et sur le glacier Mingyong, tous deux réputés magnifiques.
De bon matin, j’embarque donc dans le minibus avec Zhuoma, son amie et le « pilote », tous trois Tibétains.Repas_tib_tain_2_Benzilan_Yunnan_Chine
Zhongdian se situe à 3.200 m d’altitude et j’avais ressenti quelques essoufflements durant une promenade.
Cette région est traversée à quelques kilomètres près par 2 fleuves d’importance pour l’Asie :
- Le Lancang Jiang, qui deviendra le Mékong et qui se jettera dans la mer au niveau de Ho Chi Ming Ngai (Saigon),
- Le Jinsha Jiang, qui deviendra le Yangzi Jiang (Yang Tzé en français) et dont l’estuaire est au nord de Shanghai.

Nous commençons à grimper et il se met tout d’un coup à neiger. Certes, il s’agit de neige fondante, mais les montagnes autour prennent une belle couleur lactée.
Évidemment, le chauffage du minibus ne marche pas ! De toute façon, pour mes 3 compères, la température est à peine fraîche… Je suis content d’avoir un bonnet et des gants !Repas_tib_tain_Benzilan_Yunnan_Chine

Passé ce premier col, il s’arrête de neiger.
À midi, nous nous arrêtons dans un village pour déjeuner, et nous sommes invités à former une grande tablée avec des amis de mon guide déjà présents dans le restaurant. Mis à part Zhuoma qui maîtrise une centaine de mots d’anglais, la seule langue « étrangère » que parlent tous ces gens est le mandarin… Extrêmement chaleureux et convivial néanmoins. Ils refusent catégoriquement que je paye quoique ce soit…

Route_de_Zhongdian___Deqin_Yunnan_ChineNous reprenons la route, jusqu’à ce que l’on aperçoive un véhicule sur le flan, dans le caniveau, duquel émerge la tête d’un moine, puis d’un second… Nous nous arrêtons pour porter secours aux accidentés qui s’avèrent être 6 moines, dont certains sont en sandales et simple bure (j’ai froid pour eux). Il faut les faire sortir par les fenêtres. On essaie de remettre le véhicule sur ses 4 roues sans succès. Le peu d’effort que je fais, m’essouffle complètement. Quelques yaks et ânes laineux accompagnés de leur vacher passent près de nous nonchalamment.Route_de_Zhongdian_2___Deqin_Yunnan_Chine
Les moines étant sortis d’affaire, on repart sur la route qui serpente en laissant derrière nous la voiture endommagée.

On approche des 4.000 m, le minibus fonce dans l’abrupte montée et je commence à avoir la tête qui tourne. Puis des fourmis me viennent dans les mains. Ma respiration s’accélère de plus en plus. Je prends 2 gélules d’une herbes tibétaines réputée plus efficace que le Diamox, contre le mal des montagnes. C’est plutôt le manque d’oxygène que ce mal qui me touche. Ma guide étant endormie, je demande par gestes au chauffeur, si ça va continuer à monter pendant encore longtemps (nous avons un col de plus de 4.000 m à passer avant de redescendre sur Deqin qui n’est « qu’à » 3.550 m).
Il me fait comprendre que oui…
Ma respiration devient tellement intense que le minibus doit faire demi-tour pour redescendre au plus vite.
Mon corps continue cependant à délirer : je n’arrive plus à articuler le moindre mot, mes bras et mes mains sont tétanisés, je n’arrive même plus à tenir une bouteille d’eau entre mes mains. Je sens une boule dans mon estomac et je sens que la syncope n’est pas loin. Les 2 filles mes massent les épaules et les mains et portent la bouteille d’eau à ma bouche.
Le chauffeur a le pied au plancher, la descente se fait donc rapidement, et petit à petit je retrouve mes esprits. Je leur propose donc de me laisser dans le premier village disposant d’un hôtel décent. On s’était déjà farci 4 heures de route, je ne voulais pas qu’ils refassent tout dans l’autre sens.
Je paye un plein d’essence pour le crochet, et me voilà tout seul dans un hôtel dans un village Tibétain dont je ne connais même pas le nom (après recherches, je pense qu’il s’agit de Benzilan), avec des gens ne parlant pas un mot d’anglais mais tellement chaleureux et accueillants.

Un couple franco-allemand rencontré le jour précédent et qui revenait de Deqin m'avait pourtant conseillé, pour le passage des cols, de prendre des petites bouteilles d'oxygène (en vente dans les commerces de Zhongdian).

Après coup, je me félicite de n’avoir pas pris le bus local pour joindre Deqin. Je ne sais pas s’il aurait fait demi-tour pour moi. Il m’aurait peut-être laissé au bord de la route (même s’il avait arrêté de neiger…).

Zhongdian_2__Shangri_La__Yunnan_ChineSeul dans ma chambre, je me mets à cogiter sur ce qui vient de m’arriver et me mets à remercier la Nature pour cette belle leçon d’humilité. J’en ressors grandi d’autant que mon ego s’en retrouve amoindri.
Cependant, en engageant ce voyage, je me disais que le monde était à moi, or, j’en perçois tout d’un coup les limites. La volonté ne suffit plus.
Je me mets également à remercier ce peuple dont l’accueil n’a d’égal que son extrême gentillesse. Je n’ai pas senti le moindre sarcasme (eux qui chantaient et fumaient des clopes à 4.000 m d’altitude) et ils ont toujours été très respectueux de l’être fragile que je suis, incapable de survivre au-dessus d’une certaine altitude.

Le soir, Zhuoma me passe un coup fil pour prendre de mes nouvelles. Décidément, même si mon voyage n’est pas fini, j’ai vraiment envie de décerner la palme de la gentillesse au peuple tibétain.

Je reprends le bus, qui me ramène à Zhongdian. C’est l’un des seuls moments de mon voyage où je ne négocie pas le prix du trajet et que je laisse le chauffeur piocher dans ma liasse de billet. J’ai une totale confiance en ce peuple.

Ce matin, il fait 5°C et il pleut. Tant pis, je veux absolument voir l’un des plus importants gompaVillage_autour_Ganden_Sumtseling_Gompa_Yunnan_Chine (monastère en tibétain) du sud-ouest de la Chine : le Ganden Sumtseling. 300 ans d’âge et 600 moines.
Je prends donc mon parapluie, et pars pour 5 Km de « pèlerinage » à pied.
Sur le chemin, les gens sont vraiment très sympas.
Ganden_Sumtseling_Gompa__monast_re__environs_Zhongdian_Yunnan_ChineDe loin, ce complexe de 3 bâtiments aux pieds desquels s’étalent les logements des moines, ressemble au Potala de Lhassa au Tibet. En plus petit.
Un vieux moine me salue très cordialement, je lui renvoie un « tashi dele » (hello en tibétain) et voyant que nous allons dans la même direction, je le prends avec moi sous mon parapluie.
Il me pose une question en mandarin (il suppose que je maîtrise mieux cette langue que le tibétain).
Je réponds au hasard : « wo shi faguoren » (je suis Français en mandarin).
Il me dit alors : « faguo (France) ; Dalai Lama », puis unit les paumes de ses mains.
Au moment où je dois bifurquer pour monter au temple, il me fait comprendre de l’accompagner dans son logement.
Je comprends désormais la signification de cellule monastique.Ch_rten__st_pa____Ganden_Sumtseling_Gompa_Yunnan_Chine
Il me fait asseoir.
Par gestes, avec le petit lexique tibétain de mon guide Lonely Planet ainsi qu’avec le planisphère de ce même guide, je lui explique d’où je viens précisément, et quel parcours j’ai suivi. Il est intrigué.
Je lui fais comprendre que je vais désormais visiter le temple.
Il me signifie que, ma visite terminée, je dois repasser le voir.

L’entrée du temple a visiblement été aménagée par les Chinois : l’entrée est payante et toute photo du Dalai Lama est inexistante.
Je passe par derrière et découvre la vraie vie monastique, pas celle de l’entrée constituée pour les touristes.Chambre_de_moine_au_pied_Ganden_Sumtseling_Gompa_Yunnan_Chine

Je m’arrête dans un petit commerce pour prendre quelques biscuits et une boisson lactée que je partagerai avec mon ami le vieux moine.
Lorsque j’arrive chez lui, 2 jeunes moines préparent le thé.
Le téléphone portable du vieux moine sonne, il répond…
Il raccroche et se met à psalmodier des mantras tibétains.
Il me redit « faguo (France) ; Dalai Lama », puis unit les 2 paumes de sa main. De même pour Japan, America, Italia…
Par contre, lorsqu’il prononce « China », il mime des étincelles avec les doigts de sa main gauche face à ceux de la droite.
Il me propose de dormir là.Chambre_de_moine_2_au_pied_Ganden_Sumtseling_Gompa_Yunnan_Chine
Vraiment dommage, je dois pendre un avion le lendemain matin aux aurores. Cela aurait été une superbe expérience, sinon pour mon dos (vu l’agencement de sa chambre), au moins spirituellement.

Etait-ce du fait de ma coupe de cheveux, ou du fait que je sois Français, qu’il voulait que je passe un message à l’Occident concernant la situation accablante du peuple tibétain face à l’envahisseur ?

Plus de photos sur : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600710718174/detail/

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6 mai 2007

Chine (transversale nord-est à sud-ouest)

map_chinaBeijing (Pékin)

Je rejoins deux ex-collègues de banque (Ralph T et Brian L).
L’incroyable mutation économique de la Chine, initiée dans les "zones économiques spéciales" (Shenzhen par exemple) a bien gagné les grandes villes et notamment Pékin. La perspective des JO de 2008 a encore accéléré le processus. À 23h, les chantiers de certains bâtiments sont toujours en action. Syndicats français, qu’en pensez-vous ?

On essaie de se fondre dans le décor : il faut bousculer les gens, doubler dans les files d’attente, Grande_Muraille_Badaling_P_kin_Chinese racler la gorge bruyamment et cracher dans la rue. J’exagère, ce cliché tend à disparaître du fait de la globalisation. Les jeunes des grandes villes se comportent presque comme des Occidentaux, mais je ne dis pas que c’est forcément bien. Heureusement, les personnes d’un certain âge maintiennent la tradition et continuent de péter et de roter dans la rue…

Nous visitons les tombes de la dynastie des Ming au Nord de Pékin et la grande Muraille à Badaling au Nord-Ouest de Pékin.
Nous allons voir un médecin Chinois qui nous demande notre nationalité, notre âge, nous prend le pouls, nous fait tirer de langue. Diagnostique : je suis en parfaite santé. Yes ! Il n’a pas pu placer un seuCit__interdite_P_kin_Chinel de ses médicaments chinois…

Fondue_chinoise_P_kin_ChineNous trouvons un restaurant avec le moins possible d’Occidentaux et dégustons l’une des meilleures fondues chinoises que nous ayons eu l’occasion de goûter. Fiesta sur les papilles et distension de l’estomac.

Nous visitons la place Tiananmen et en face, la Cité Interdite, dont les 2 plus beaux bâtiments sont inaccessibles car en complète rénovation. Tout d’un coup nous apprécions moins les JO…
Mao Ze Dong fait toujours l’objet d’un culte, mais le ratio 7 / 3 lui a été attribué par le peuple et par les membres du Parti Communiste chinois : 70% de bonnes choses ; 30 de mauvaises…
Suivent les visites du Temple du Ciel et du Temple des Lamas.Temple_des_lamas_P_kin_Chine
Place_Tiananmen_P_kin_Chine
Le soir, nous assistons à un spectacle impressionnant mélangeant kung-fu et chorégraphies dignes des opéras classiques. Le film Tigres et Dragons en live.

Nous prenons le bus de nuit avec couchettes. 8 heures entre Pékin et la ville de Pingyao, province du Shanxi (prononcé « Changxchi » je crois).
Ce bus  fait monter les gens à bord en s’arrêtant sur la voie la plus lente de l’autoroute car il n’y a pas de bande d’arrêt d’urgence, encore moins d’aires de repos…Bus_de_nuit_P_kin_Pingyao_Chine
Ce que l’on ne nous avait pas dit, c’est que le bus nous larguait littéralement sur l’autoroute à 3 heures du mat au niveau de la bretelle de sortie.
C’est le printemps, mais il doit faire +10°C. Ce qui est frais pour des Tahitiens.
Les routes n’étant pas éclairées, nous mettons nos lampes frontales et nous commençons à marcher enBord_d_autoroute_Pingyao_Shanxi_Chine suivant les panneaux Pingyao. On essaie l’auto-stop avec les quelques rares camions qui passent, sans succès. Après une heure de marche dans le noir, avec 25 kg chacun sur le dos, on n’aperçoit toujours aucune lumière de la ville. Je suis content que mes 2 potes soient avec moi.
On se rend compte ensuite que le panneau Pingyao est dans l’autre sens. Demi-tour donc. En fait, on avait raté l’embranchement. Et pour cause, ce n’est pas une route, mais un chemin en terre battue qui mène à la porte Sud de Pingyao. Toujours pas la moindre lumière, étrange…Guesthouse_Pingyao_Shanxi_Chine
À 200 mètres de la ville, on devine enfin les fortifications en ombres chinoises. L’entrée par la guérite est magique. Pas le moindre bruit, pas la moindre lumière électrique. On est projeté plusieurs siècles en arrière. Les petites ruelles pavées sont bordées de ravissantes maisons en bois peint, avec tuiles en terre cuite et lanternes en papiers rouges. Nous ne voyons tout cela que grâce à la petite fenêtre de vision qu’offrent nos lampes frontales, d’où un effet accentué.
Quelques rues plus loin, certaines de ces loupiottes sont allumées et nous tombons enfin sur notrePingyao_Shanxi_Chine guesthouse. Cette auberge située dans l’enceinte même de la ville est une maison chinoise sans âge, très bien préservée.

Pingyao_2_Shanxi_ChineSi cette ville qui a été la capitale financière de la Chine (ils y ont inventé un système de chèques au XVIIIe) est aujourd’hui aussi bien préservée, c’est que le Parti Communiste l’aurait oublié dans ses grands projets « d’amélioration » de l’habitat. Oubli salvateur, qui a permis d’éviter la démolition des maisons en bois, suivie du bétonnage à outrance…

Il est souvent déprimant d’essayer de dialoguer avec les locaux. Tout d’abord parce qu’en dehors des lieus touristiques, ils parlent très rarement anglais. Ensuite, parce que lorsque l’on a retenu un mot en mandarin (langue officielle du pays, mais à l’origine simple dialecte de Pékin), il suffit que l’on fasse une intonation montante au lieu de descendante sur l’antépénultième syllabe, et inversement sur la dernière, pour que la personne en face ne comprenne rien du tout.
Enfin, parce que lorsque l’on change de province, le dialecte et les intonations changent complètement.
Ou alors, je suis vraiment mauvais…Pingyao_3_Shanxi_Chine
Sinon, je vais peut-être me mettre du coton dans la bouche pour avoir leur accent…
Pire encore, de très nombreuses personnes et notamment les taxi-drivers sont incapables de déchiffrer le pinyin (traduction phonétique des pictogrammes chinois en lettres romaines avec des accents aigus, graves et circonflexes retournés, pour les intonations). Il faut donc Pingyao_Shanxi_Chinetoujours avoir sur soi et sur support papier, le nom des lieux et des rues que l’on veut atteindre en caractères chinois.
Heureusement pour nous, la Chine utilise désormais les chiffres arabes, au détriment des pictogrammes qui leur servaient avant à compter.
Autre particularité, les dates s’écrivent comme suit : AAAA/MM/JJ.

En écoutant mon baladeur MP3, je suis tombé sur un morceau en tahitien. J’ai eu l’impression d’en comprendre le sens mieux que d’habitude. Pourtant, cela fait plus de 3 mois que je ne pratique plus du tout cette langue. Y aurait-il une zone dans le cerveau humain réservée aux langues ? Voire aux langues étrangères ? Les efforts que je fais depuis de nombreuses semaines pour retenir les rudiments de toutes ces langues de pays traversés, auraient-ils « musclé » cette zone de mon cerveau ? Un IRM serait le bienvenu…

Xi’an (« Kchi-ane »), province du Shaanxi (à ne pas confondre avec la province du Shanxi. Quand je vous disais que la prononciation était importante).
Capitale de la Chine durant 600 ans, sur 2 périodes distinctes.Bell_Tower_Xi_an_Shaanxi_Chine
Début (ou fin, c’est selon) de la principale route de la soie (il y en a plusieurs).
Mégalopole moderne ayant conservé sa muraille d’enceinte et quelques anciens bâtiments coquets un peu isolés au milieu des buildings affublés de nombreux néons.

Nous arrivons le 30 avril, veille des (rares) vacances nationales (5 jours en mai en plus de ceux octroyés durant le nouvel an chinois). Une bonne partie des Chinois ayant sérieusement accru son niveau de vie ces dernières années, elle s’est prise de passion pour le tourisme en son propre pays. Nous nous retrouvons donc en pleine tourmente des grandes migrations de villégiature. Trains, bus, taxis sont pris d’assaut, il faut se battre !
Le seul avantage pour nous à cette invasion de touristes chinois, c’est que ces derniers sont des acheteurs compulsifs. Nous, pauvres backpackers, sommes de piètres clients à côté, et sommes oubliés des vendeurs (ça fait du bien).

Toilettes_publiques_Xi_an_Shaanxi_ChineNous découvrons les toilettes publiques. Il ne faut pas être sensible des narines, ni être pudique. Sur la photo de gauche, j’aurais tout aussi bien pu prendre Monsieur L (étant données les circonstances, je tiens à préserver confidentielle son identité) accroupi en train d’assouvir un besoin encore plus délicat…
Les portes étant inexistantes, je peux vous assurer qu’on en a vu des gars accroupis à la vue de tous. Cols bleus et cols blancs sans distinction.
Quartier_islamique_Xi_an_Shaanxi_Chine
Nous allons dans le quartier musulman de Xi’an (l’ethnie Hui qui y habite est majoritairement islamique). Je trouve fabuleuse cette rencontre de l’Orient et du Moyen-Orient. Pour les yeux, pour le nez et surtout pour la bouche. Leur agneau au cumin est fantastique ! Leurs desserts aux noix, miel et graines de sésames me rappellent le Maroc.

Guerriers_terre_cuite_2_tombeau_Qin_Shi_Huang_Xi_an_Shaanxi_ChineVisite de la nécropole de Qin Shi Huang (« Tchine Chi Huang », mort en 210 avant JC) et sa fameuse arméeGuerrier_terre_cuite_Xi_an_Shaanxi_Chine de terre cuite dont chaque personnage a un visage propre.
Redécouverte en 1974 par un paysan creusant un puits, cette nécropole fait une surface de plusieurs hectares et a demandé des décennies de travail et des centaines de milliers d’ouvriers. Le caveau où se trouvait le corps était piégé et contenait de fabuleux trésors. Les ouvriers chargés de l’élaboration du caveau et de l’acheminement des trésors ont été ensevelis vivants afin que le secret soit préservé. Source : Lonely Planet 2007.
On en viendrait presque à comprendre l’émergence du communisme dans un tel pays.
Guerriers_terre_cuite_tombeau_Qin_Shi_Huang_Xi_an_Shaanxi_Chine2 siècles avant JC, ces gens avaient déjà inventé l’inox, grâce à une technique de chrome plaqué sur le fer. L’Europe n’a redécouvert cette technique qu’au XIXe.

Avion de Xi’an à Kunming (province du Yunnan).
Kunming est la ville de l’éternel printemps grâce au parfait assortiment de sa latitude et de son altitude.
Les premiers développements industriels ont été initiés par les Français à l’époque de l’Indochine grâce à la voie de chemin de fer reliant Kunming à Hanoi via Lao Cai.
Cette citée est aujourd’hui une mégalopole ultra moderne mais relativement agréable à vivre.

Nous voulons visiter Shilin (« cheuh line » littéralement forêt de pierres) à 120 Km de Kunming, par nos propres moyens. On en a marre de ces bus pour touristes qui s’arrêtent dans diverses échoppes. Nous devons donc prendre le bus local. Beaucoup moins cher mais beaucoup plus laborieux. On retient donc les 2 pictogrammes qui signifient Shilin et c’est parti pour l’aventure. Je pense qu’à la fin du séjour, nous allons être très bons au jeu de société Pictionnary nouvelle version (celle où il faut soit mimer, soit dessiner un mot)…
Jin_Hua_Shilin_Yunnan_ChineOn galère bien jusqu’à ce que Jin Hua (aussi prénommée Cyndi) nous propose de louer à 4 les services d’un minibus. Elle habite Guangzhou (« guang-djou » ou Canton en français) et parle cantonais, mandarin, anglais ainsi que le dialecte de son village natal.
Ce guide providentiel et gratuit nous a vraiment facilité la vie, d’autant plus sympa qu’elle était très charmante et enjouée.
La forêt de pierre consiste en des pains de sucres de calcaire, résultat d’un phénomène karstique. DesShilin_Yunnan_Chine fossiles d’animaux marins y ont été découverts (pour rappel : nous sommes au beau milieu de la Chine).
Sur le chemin de retour vers Kunming, on pousse la discussion afin d’en savoir plus sur le village natal de Jin Hua. Et là, surprise, elle est Hakka. Certains se demandent pourquoi je m’attarde tant sur cette ethnie. Tout simplement parce que les Chinois de Polynésie Française sont principalement des Hakka. Ralph, mon compagnon de voyage en est un. Ils ont tous deux échangé quelques mots. Les intonations du hakka de Tahiti ont été tahitiannisées ou francisées car Jin Hua ne comprenait pas tout du premier coup.

Bus local de Kunming à Dali : 4,5 heures.
Quelques hippies occidentaux errent dans la ville de Dali. Des jeunes Chinoises nous abordent souvent en utilisant le peu d’anglais qu’elles connaissent : « do you want to smoke ganja ? »
Temples_des_3_pagodes_Dali_Yunnan_Chine_2Vélo de location jusqu’aux temples des 3 pagodes.
De nombreuses ethnies minoritaires (c’est-à-dire autres que les Han), tel les Bai, continuent de sillonner les rues en tenues traditionnelles, et ce n’est pas uniquement pour divertir les touristes.Temples_des_3_pagodes_Dali_Yunnan_Chine

Bus local de Dali à Lijiang : 3 heures.
La ville de Lijiang a été partiellement détruite par un tremblement de terre en 1996. Les édifices en béton se sont écroulés tandis que les maisons de l’ethnie minoritaire Naxi (« nachi ») en briques et bois ont bien résisté. Le gouvernement central chinois a donc décidé de reconstruire la ville selon la méthode traditionnelle. Étonnement, c’est très réussi, même si cette ville n’est plus habitée par des Naxi mais héberge désormais exclusivement des commerces, des restaurants et des hôtels. Des petits canaux habités par des poissons rouges quadrillent joliment cette municipalité et des pics enneigés émergent de l’horizon créant de belles perspectives.

Hi_roglyphes_Naxi_Lijiang_Yunnan_ChineIl y a 1000 ans, les Naxi ont inventé un extraordinaire système de pictogrammes, le seul langage hiéroglyphique encore en usage sur terre aujourd’hui. Malheureusement, seules les personnes âgées le pratiquent encore, il est donc en cours d’extinction.
Je me suis fait écrire mon prénom décomposé en 4 hiéroglyphes qui forment les syllabes « ché » et « dlic », suivi de la phrase que j’avais dictée en anglais et qu’un étudiant a traduite au vieux maître scribe en : « important » - « développement » - « homme en action » - « protection environnement ».
La langue Naxi est totalement différente du Mandarin, et ferait partie de la famille des langues tibéto-birmanes.

Lijiang_Yunnan_ChineLes filles Naxi, dont le physique s’approche de celui des Tibétaines, vendent dans la rue de minuscules fraises et cerises. Ces fruits sauvages ont été cueillis mûrs (ce qui n’est pas le cas de ceux vendus dans les grandes surfaces) et ont donc un goût hallucinant.Etang_du_tigre_Noir_Lijiang_Yunnan_Chine

Randonnée autour de Lijiang. L’étang du Dragon Noir (ça le fait) s’aligne avec des pagodes et le Yulong Xueshan (montagne enneigée du dragon de jade) (ça le fait encore plus).

Nous avons rencontré un Belge installé à Lijiang depuis 2 ans qui y a ouvert un restaurant. Le salaire d’un serveur ici est de 40 € par mois, à raison de 13 heures par jour, 7 jours sur 7, sans aucun congé payé, et à chaque jour de maladie, c’est l’employé qui doit payer le patron… Ça donne une idée du fossé qui sépare ces personnes de celles que l’on a vues rouler en Porsche Cayenne dans les grandes villes chinoises.

DSC_1800Nous décidons de faire la randonnée de la « Gorge du Saut de Tigre » à une centaine de Km au Nord de Lijiang, par nos propres moyens. C’est-à-dire, que nous nous débrouillons d’abord pour obtenir une carte de la randonnée photocopiée (dessinée à la main). Nous prenons ensuite le bus local pour arriver à Qiaotou (« Tchiawtaw » grosso modo). Nous refusons tout guide qui se propose et c’est parti.
La randonnée se fait à flan de montagne sur un petit sentier où les mulets peuvent passer. De l’autre côté de la gorge creusée par le Yangzi Jiang (Yang Tsé en français), une autre chaîne de montagne très impressionnante se profile avec ses sommets enneigés.
Nous traversons de coquets petits villages d’agriculteurs Naxi. La vie y est rude.DSC_1790
Nous passons un col à près de 2.700 m d’altitude. Raide la montée !
DSC_1808Nous dormons dans un refuge disposant d’un service complet (restauration avec bières fraîches, chambres cozy, toilettes et salle de bain communes et petit déj aux pancakes…).
Le lendemain, nous arrivons sur une route bétonnée et comme nous devons être à Daju (« dadjou ») avant 13h30 pour chopper le bus qui nous ramènera à Lijiang, nous prenons un minibus jusqu’au ferry qui traverse le Yangzi Jiang.
En fait, le minibus nous laisse à la fin de la route et l’on a encore une bonne heure de marche. Nous n’avons jamais mis les pieds en Afghanistan, mais les paysages que nousDSC_1813 voyons là doivent s’en rapprocher. Assez impressionnant.
Nous descendons par après dans la gorge jusqu’au ferry. Il s’agit en fait d’une petite barge qui fait le passage vers l’autre rive.
À traversDSC_1815 champs, nous arrivons à Daju dont le bon vieux bus local nous charge au milieu des cartons, des sacs remplis de gigots séchés (les pattes dépassaient), et nous chahute sur les routes pavées et zigzagantes jusqu’à Lijiang. Le tout agrémenté de sommets atteignant les 5.500 mètres.

Mes 2 potes partent chacun vers des horizons différents (le Cambodge pour Brian, le Laos pour Ralph). On s’est vraiment bien marré durant ces 3 semaines.
Retour à la solitude.

Plus de photos sur :

Yunnan : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728095164/detail/

Xi'an : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728677547/detail/

Pingyao : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728667107/detail/

Pékin : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728552182/detail/

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29 avril 2007

Malaisie (péninsule) + Singapour

Kuala Lumpur (KL).
Du hublot de l’avion, on aperçoit le circuit de Sepang. Quatre jours plus tôt, le grand prix de Formule-1 s’y est déroulé.
Kompleks_Dayabumi_Kuala_Lumpur_MalaisieEn arrivant de Sumatra, KL nous projette dans le XXIe siècle : Wi-Fi gratuit dans l’aéroport et dans certains autres commerces ; chaînes de restaurants franchisés américains à tous les coins de rue…
La colonisation anglaise a laissé des traces et notamment sa langue fort bien pratiquée par les locaux.

KL, qui signifie confluents boueux, a été créée par des Chinois après que de l’étain y ait été découvert en son sol. Elle est aujourd’hui vraiment composite.

Plus généralement, au niveau de la Malaisie, se sont succédées les populations suivantes :
- les premiers colons mélanésiens ou aborigènes (parfois appelés negritos, mais je ne sais pas si cela est péjoratif) arrivés il y a plusieurs milliers d’années. Aujourd’hui quasiment inexistants dans la péninsule malaisienne, un peu plus présents dans les états de Sarawak et de Sabah sur l’île de Bornéo,
- le peuple que l’on appelle Senoi arrivé de Thaïlande vers 2500 avant JC,
- les proto-Malais vers 1500 avant JC,
- les Arabes qui ont apporté leur religion sans vraiment s’installer,
- les Chinois et les Indiens à l’époque coloniale initiée par les Portugais, les Anglais et les Néerlandais.
Source : Lonely Planet 2007.
Sri_Mahamariamman__hindou__Kuala_Lumpur_MalaisieCes communautés de coutumes et de religions différentes vivent en harmonie. J’aime voir les Indiens manger dans les restaurants chinois, les Chinois faire leurs provisions sur les marchés malais, etc… Mais cette tolérance semble tout de même limitée, je n’ai pas vu beaucoup de métissage et à la douane, j’ai vu que les ressortissants Israéliens étaient interdits de séjour sur le sol malaisien.

Le bahasa indonesia et le bahasa melayu sont deux langues proches, ce qui est bien pratique pour moi, maintenant que j’en connais une cinquantaine de mots. D’autant plus que les habitants de Malaisie maîtrisant bien l’anglais, les touristes ne font aucun effort pour apprendre les mots vernaculaires d’usage. Je marque souvent des points de sympathie auprès des locaux en étalant mon proto-polyglottisme…
Si ces deux états (Indonésie et Malaisie) à l’origine regroupés en un seul, sont aujourd’hui séparés, c’est que les Anglais et les Hollandais s’en sont partagé le gâteau à l’époque des grandes colonisations européennes.
Dans quelques mois, la Malaisie fêtera avec faste le 50e anniversaire de son indépendance.

À Bali, j’avais croisé un Néo-zélandais avec qui j’avais un peu discuté ; et bien, je l’ai retrouvé dans une guesthouse à Chinatown dans KL. On ne s’est reconnu qu’après coup. Le monde est petit.
Bref, il lui est arrivé une histoire qui mérite d’être racontée :
Il s’est fait inviter dans une famille malaisienne pour dîner (dans la banlieue de KL, sans qu’il sache exactement où), sous un prétexte plus ou moins bidon. Puis on lui a proposé un black-jack. L’hôte qui distribuait les cartes lui a démontré ses capacités incroyables à choisir sans les voir les cartes, et ainsi décider qui il voulait voir gagner. Puis on lui a proposé de plumer le cousin du sultan de Brunei (??), mais avec l’argent de la famille malaisienne, pas le sien. Ce fou a accepté…
La partie prend de l’ampleur et le brunéien mise 80.000 dollars US sur une main…Tours_Petronas_Kuala_Kuala_Lumpur_Malaisie
Finalement, le coup a foiré par la faute du Néo et la famille débitrice de 30.000 $. L’hôte furieux lui a alors demandé de refaire une partie le lendemain toujours avec le gars soi-disant de Brunei, pour récupérer au moins la perte.
Le Néo qui voyageait seul est alors venu se confier à moi et me demander conseil. Il m’a raconté son histoire, et il m’a dit hésiter à retourner dans cette banlieue pour rejouer.
Il m’a aussi entre autres dit que sa mère avait un ami vivant ici à KL, mais il ne voulait pas se déshonorer en lui avouant son égarement. Je lui ai vraiment conseillé de téléphoner à cet ami qui vit depuis des années à KL afin de prendre conseil auprès d’un local.
Après un certain temps de réflexion, il l’a quand même fait.
À la moitié des explications, son ami lui a dit de quitter sur le champ la guesthouse et de sauter dans le premier taxi !
De peur que des gens l’attendent à l’issue, le Néo m’a demandé d’organiser un peu sa sortie… Comme dans les films !
Il paraît, que ce genre d’histoires arrive souvent ici. A priori, c’est le Néo qui aurait dû être le plumé.

Tours_Petronas_Kuala_Lumpur_MalaisieVisite des Petronas Towers. Je ne peux pas m’empêcher d’imaginer Catherine ZETA-JONES suspendue à un câble entre les deux tours (cf. le film Haute Voltige)…
Siège social, entre autres de la compagnie pétrolière malaisienne éponyme et de la chaîne d’informations Al Jazeera Asia, elles sont restées jusque très récemment les gratte-ciels les plus élevés du monde.
À la base de ces twin towers, le gigantesque centre commercial Suria. Un conseil, évitez d’y aller le dimanche, ça grouille de monde.

Visite du magnifique musée islamique de KL. L’époque moyenâgeuse où les Européens vivaient comme des sauvages et les Arabes avaient atteint un haut niveau de raffinement, est abordé de façon relativement récurrente mais sobre et objective…

Visite du parc aviaire de KL : des espèces assez rares s’ébattent et se reproduisent en semi-liberté dans de grandes volières sous filets.

Dans le nord de KL, Kampung Baru constitue un quartier typiquement Malais avec ses petites maisons en bois, un peu comme dans feu le vieux Papeete.

Train de nuit avec couchette de KL jusqu’à Butterworth (nord-ouest), puis ferry jusqu’à la ville de Georgetown (aussi appelée Penang), sur Pulau (île) Pinang (aussi appelée Penang ?!). J’aurai aussi pu prendre le Penang Bridge qui est considéré comme l’un des plus longs ponts d’Asie pour rejoindre cette île.
Georgetown est une grosse ville ayant conservé quelques beaux bâtiments de l’époque coloniale. Comme toute ville malaisienne qui se respecte, on y trouve une Chinatown et un Little India, sauf qu’ici, les Chinois Georgetown_Pulau_Pinang__Penang__Malaisiesont majoritaires.
Cette île est réputée pour sa cuisine raffinée.
Les cyclo-pousses sont ici nommés trishaws.Pulau_Pinang__Penang__Malaisie
L’Eastern and oriental Hotel, fondé par des arméniens d’origine est une institution dans toute l’Asie.

À l’intérieur de l’île, un gigantesque temple bouddhiste un peu kitch, le Kek Lok Si, avec ses tuiles vernies écarlates, ses bouddhas géants et même sa statue de Kuan Yin, déesse de la pitié haute de 36,5 m. Le complexe de bâtiments est d’inspiration birmane en haut, chinoise en bas et thaïlandaise entre les deux.
De nombreux commerces de babioles plus ou moins spirituelles sont installés à l’intérieur même du temple.

Maison_de_Cheong_Fatt_Tze_Georgetown_Pulau_Pinang__Penang__MalaisieAu centre de la ville de Georgetown, une belle maison d’habitation chinoise aux murs couleur azur est aujourd’hui transformée en musée. Elle a été construite par M. Cheong Fatt Tze, Chinois de l’ethnie des Hakkas, arrivé de Chine avec 2 £ en poche Pulau_Pinang__Penang__Malaisie2et qui a constitué l’une des plus grosses fortunes d’Asie. Il se surnommait lui-même le ROCKFELLER d’Asie.

Je quitte l’Océan Indien pour la Mer de Chine en prenant le bus jusqu’à Kota Bharu à la frontière thaïlandaise (je traverse donc la péninsule malaisienne d’Ouest en Est). Cette ville est la capitale de l’état de Kelantan qui est considéré comme le plus conservateur. À l’entrée de Kota Bharu, un grand panneau annonce la couleur en anglais : « The islamic city ». Ici, mises à part quelques Chinoises, toutes les femmes sont voilées (même au Mac Do). Mais le respect de l’autre est de rigueur, sauf peut être lorsqu’il s’agit de respecter mon sommeil avec des appels à la prière tonitruants dès 5H30 du mat…Pulau_Perhentian_Kecil_Malaisie2
Je vais dans un restaurant chinois, y mange du porc et y bois de la bière…

J’ai ensuite pris un speed boat (une heure de traversée) jusqu’à la petite île de Pulau Perhantian Kecil en Mer de Chine. J’y ai passé du bon temps avec un Français (Mohtadi) d’origine tunisienne qui habite Los Angeles où il bosse dans l’informatique et une fille du Honduras (Diana) qui fait de l’humanitaire à Banda Aceh pour l’université néerlandaise dans laquelle elle étudie.Pulau_Perhentian_Kecil_Malaisie
Kayak, plongée (pas mal du tout) et petites bouffes au bord d’eaux bien turquoises. On s’approche de Bora mais à un tarif défiant toute concurrence.

J’ai directement enchaîné sur le jungle railway. Je vous laisse imaginer ce que j’ai traversé et avec quel moyen de transport. Ensuite, le Taman Negara, un parc national grand comme 2 fois le Luxembourg, l’une des plus anciennes forêt primaire au monde (130 millions d’années). Elle a échappé aux dernières glaciations et aux derniers bouleversements géologiques.

Je loge dans le village touristique de Kampung Kuala Tahan au bord du fleuve Sungai Tembeling.
On doit prendre de petites pirogues-taxi (1 Ringgit le passage) pour traverser le fleuve et entrer dans le Taman_Negara_Malaisieparc.
J’effectue une randonnée sans guide, car les pistes sont bien balisées dans la jungle. Le Canopy SkywalkCanopy_walkway_Taman_Negara_Malaisie permet de voir la forêt de dessus à plus de 10 mètres du sol sur un pont suspendu vacillant.
De nouveau sur les pistes, je manque de marcher sur un serpent qui détale entre mes pieds. Petite sueur froide, d’autant plus qu’il était bien coloré, ce qui pour moi (peut-être à tort) est synonyme de venimeux.
Grâce à ma petite lampe frontale, j’entre dans la grotte dans laquelle volent de Chauves_souris_Taman_Negara_Malaisiebelles chauve-souris. J’ai mitraillé au hasard avec mon appareil photo car il y faisait sombre, mais j’ai réussi à avoir quelques bons clichés grâce à mon gros flash.
Un peu perdu dans la jungle, je suis tombé par hasard sur un village « d’aborigènes », les Orangs Asli (NB : orang signifie simplement homme en bahasa melayu, orang-outan signifiant homme de la forêt). Je n’ai pas pris de photos d’eux car ils doivent en avoir marre d’être pris pour des bêtes curieuses. Avec les Mentawai, j’attendais par exemple qu’une heure ou deux se soient écoulées et que le contact soit vraiment établi pour sortir mon appareil.
Ces Orangs Asli sont donc assez proches des mélanésiens, avec des traits du visage un peu plus fins.Mante_religieuse_Taman_Negara_Malaisie Certains d’entre eux ont les yeux un peu bridés. Fruits du métissage avec les Malais ?
Les femmes du village en tenue traditionnelle m’ont gentiment indiqué la direction à suivre pour rejoindre les sentiers balisés. Elles éclataient de rire chaque fois que je leur parlais en bahasa melayu : bonjour (selamat pagi), merci (terima kasih) et au revoir (selamat tinggal)…

Taman_Negara_Malaisie2Je dois l’avouer, je n’ai pas spécialement accroché avec la Malaisie. Ce pays serait-il trop avancé économiquement pour moi ? Étrange de se dire cela…
Peut-être aurais-je dû faire un saut dans les états de Sabah et Sarawak (sur l’île de Bornéo) afin d’être plus dépaysé ? Mais, je dois me rendre à Beijing (Pékin) afin d’y rejoindre deux ex-collègues de banque (Ralph T et Brian L). Donc pas le temps…

Je me rends donc à Singapour afin d’y faire mon visa pour la Chine, mais également parce que j’ai 2 amis de Polynésie qui y habitent depuis un an et demi (Ralph L et Olivier C). Ils ne se connaissent cependant pas.

Singapour est à la fois une île, un état indépendant et une ville.
De l’avion, on voit les flottilles de supertankers, porte containers, et autres navires qui passent par le Singapourdétroit de Singapour.
Fondée par Sir Thomas Stamford RAFFLES, elle est aujourd’hui dirigée par un Hakka (Lee Hsien Loong), fils du précédent dirigeant (Lee Kuan Yew) qui a exercé d’une main de fer depuis 1959. On peut parler de démocratie autoritaire. La liberté de parole est cependant moins mise à mal depuis ces dernières années.
Mais cela a l’air de plutôt bien fonctionner. Je n’ai pas trop rencontré de ressortissants singapouriens critiquant le gouvernement.
Les gens ici bossent comme des fous, mais n’utilisent leur argent que pour consommer à outrance. J’ai rarement vu autant de shopping-centers au km2. Machine bien huilée qui s’autoalimente.

Quelques faits en vrac :
Peine de mort pour les trafiquants de drogue.
1.000,00 dollars SG pour un papier (ou tout autre chose) jeté par terre.
Illégal d’être homosexuel pour un homme. Quant aux femmes, être lesbienne n’existe pas.
Interdit de vendre des chewing-gums (mais pas d’en consommer).
Pas un seul graffiti dans toute la ville.
Pas une seule voiture de plus de quelques années (il doit y avoir une loi. Pour l’environnement ? Pour entretenir la consommation ?).
Quasiment aucun embouteillage.
Je suis tenté de faire un rapprochement avec la Suisse, mais finalement non.

Soirée dans la boîte dénommée Zouk pour les 16 années de son existence. Mon ami Ralph L me présente Pierre, commercial dans une joint-venture franco-anglaise, société importatrice de spiritueux et champagnes réputés. Nous avons donc une table VIP et la boisson à l’œil toute la nuit !
Ensuite, petit détour par Le Muse (un bar situé à l’intérieur du musée d’art contemporain). Je n’avais jamais vu  autant de Lamborghini et de Ferrari sur un parking. Toujours les boissons à l’œil…
Les Peranakan sont issus du métissage de Chinois et de Malais. Leur cuisine et leurs femmes sont réputées…

Raffles_Hotel_SingapourOrchards Road est l’artère commerçante de Singapour. Des centaines de centre commerciaux bordent cette avenue.
Raffles Hotel est l’hôtel jet set de la ville.
Clarke Quay et Boat Quay de part et d’autre de la Singapour River sont agrémentés de bars et de restaurants hétéroclites très agréables.

Le symbole de Singapour est le Merlion, une chimère d’une sirène (mermaid) et d’un lion.Swiss_Hotel_Merlion_Op_ra_Singapour
Sur l’Esplanade, le Theaters on the Bay ou Opéra est d’architecture avant-gardiste. On dirait 2 gigantesques durians ou des yeux de mouche, voire pire selon certains…
Le gratte-ciel le plus élevé est le Swiss Hôtel.

Courses diverses dans le centre commercial Mustafa, ouvert 7 jours sur 7 ; 24 heures sur 24 en plein cœur de Little India. On y trouve vraiment de tout.

Night Safari en plein cœur de Singapour. Bon, il faut avouer qu’il s’agissait d’un parc zoologique. Mais à l’Américaine, c’est-à-dire hyper bien organisé, plein de sponsors et un peu artificiel. On se balade en train ou à pied sans apercevoir de barrières ni de grillages. Vraiment bien foutu.

À Sumatra, des milliers d’hectares sont brûlés quotidiennement, principalement dans le dessein de disposer de terres cultivables sans aucun contrôle gouvernemental (ou du moins corrompu). Ces brûlis sont effectués tout au long de l’année, mais enfument Singapour (et une partie de la Malaisie) durant les mois de fin d’année en raison de l’orientation de vents dominants.
Hypothétiquement, les espèces endémiques qui disparaissent (et il y en a) contenaient des molécules qui auraient pu servir à l’élaboration de nouveaux médicaments. Qui sait, peut-être a-t-on perdu un composé capable de soigner le SIDA, le cancer ou le paludisme ?

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