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chaveroundworld
19 juin 2007

Laos (nord + sud)

Carte_LaosLe temps d’obtenir mon visa pour le Laos, je passe deux jours dans le quartier des routards près de la rue Khao San à Bangkok en Thaïlande.
Je prends ensuite le train de nuit (avec couchettes) jusqu’à Nong Khai, ville frontière. Passée la douane thaïlandaise, j’emprunte le « friendship bridge » au-dessus du fleuve Mékong. Après avoir réglé les formalités d’entrée au Laos, je prends un jumbo (cyclo-pousse motorisé, également appelé tuk-tuk lorsque de taille et de cylindrée plus grandes) jusqu’à Vientiane, la capitale du Laos qui n’est qu’à 20 Km de là.

Moana, une amie de Tahiti me rejoint à Vientiane.

Un dicton français de l’époque indochinoise disait : « le Vietnamien plante le riz, le Cambodgien le regarde pousser et le Laotien l’écoute pousser ».
Les Métropolitains de cette même époque considéraient leurs compatriotes expatriés au Laos comme les plus dissolus de toutes les colonies françaises, ils les appelaient également les mangeurs de lotus.
Encore aujourd’hui, un adage local dit que trop de travail est mauvais pour le cerveau.
Dans de nombreux foyers, la télévision reste allumée quasiment toute la journée…
Voilà un peu pour schématiser de façon manichéenne le caractère des habitants de Lan Xang Hom Khao (nom original du Laos, signifiant million d’éléphants ; parasol blanc. NB : il resterait aujourd’hui 6.000 éléphants au Laos).
C’est peut-être pour être sûr de passer des vacances tranquilles et sympathiques, que de plus en plus de touristes convergent vers cette zone de l’Asie qui s’est ouverte à eux récemment.
Par contre, pour le business, les expatriés nous ont dit qu’ils s’arrachaient un peu les cheveux…

Enfants_Hmongs_alentours_Vang_Vieng___LaosLe passé proche du Laos est pourtant dramatique.
Pour faire court, quelques faits frappants :
- Entre 1964 et 1973, les USA et le Vietnam se sont fait une guerre secrète impitoyable en occupant différentes régions du Laos, cela à l’encontre des accords de Genève de 1962 qui interdisaient toute présence militaire étrangère sur le sol laotien,
- L’intervention de la CIA au Laos (non officielle évidemment) reste à ce jour la plus importante et la plus onéreuse conduite par les USA,
- Lima Site (ou LS 20A ou Shangri-La), nom de code de l’aéroport de Long Chen qui n’apparaissait sur aucune carte, était l’un des aéroports les plus fréquentés au monde (voir aussi le film Air America avec Mel Gibson),Enfant_Tha__L____alentours_Hongsa___Laos
- À la fin de cette guerre secrète, le Laos aura reçu pas moins de 1,9 million de tonnes de bombes sur la face ! Ce qui en fait le pays le plus bombardé au monde avec le triste ratio d’une demi-tonne de bombes par habitant (hommes, femmes et enfants compris) sur une période de quelques années !
- 760.000 litres d’agent Orange (défoliant) ont été déversés sur le pays par les Américains entre 1965 et 66, qui aujourd’hui encore, du fait de leur accumulation Ile_de_Don_Det___Si_Phan_Don___Laosdans la chaîne alimentaire, rendent les enfants difformes à la naissance dans certaines zones du Pays.
- Les Hmongs qui combattaient souvent aux côtés des Américains (et des Thaïlandais) après avoir pris le parti des Français, ont dû à la fin de cette guerre, quitter massivement leur pays. La majeure partie de ceux qui sont restés ont été massacrés. À l’heure actuelle, certains d’entre eux se terrent encore dans les forêts avec des armes obsolètes et une poignée de cartouches…
Source : Lonely Planet.

La chaîne de montagne de l’Annam (grosso modo sur la frontière entre le Viêt-Nam et le Laos) constitue une vraie limite linguistique (écrite et parlée) et ethnique.
Les Lao (qui préfèrent être appelés comme cela plutôt que Laotiens) et les Thaï sont donc « same same, but different » (pour ceux qui connaissent les petites expressions anglophones du sud-est asiatique).

Temple___Vientiane___LaosIci, on ne mange pas avec des baguettes (sauf près des frontières chinoise et thaïlandaise), mais bien avec des fourchettes et des cuillères à soupe. Avant l’arrivée des Français, les Lao mangeaient avec les mains, le riz (souvent gluant) servant à amalgamer les plats en sauces, un peu comme les Polynésiens font avec le uru (fruit de l’arbre à pain), ou les Indiens avec les chapatis.
Les Français ont aussi laissé de façon notoire, la baguette de pain, la Vache qui rit et la pétanque… Ils ont laissé également le mot falang (de falang-sèht) qui désigne aujourd’hui tous les étrangers à la peau claire en général.

Actuellement, il est encore officiellement illégal pour un non-Laotien (à plus forte raison pour unLogo_Laos Occidental) de fréquenter une Lao sous peine d’emprisonnement et/ou d’expulsion.

Visite de quelques temples de la ville de Vientiane et notamment l’un des symboles du sceau du pays : le Pha That Luang, une immense stûpa dorée. Les autres symboles étant : des épis dePha_That_Luang___Vientiane___Laos riz, un engrenage mécanique, un barrage, une autoroute et une forêt. L’esprit prolétaire demeure présent…
Le gouvernement communiste a cependant mis de l’eau dans son vin en 1992 en remplaçant la faucille et le marteau du drapeau, par la lune (emblème saint du bouddhisme au Laos).Drapeau_Laos

Nous passons également à côté du Patuxai, l’Arc de triomphe local qui a été construit avec le ciment que les Etats-Unis avaient fourni originellement pour la construction d’un nouvel aéroport…

Dans le guide Lonely Planet, il est vivement conseillé d’aller au temple Wat Sot Pa Luang pour y tester les Salon_de_massage_et_sauna_aux_herbes_autour_temple_Wat_Sok_Pa_Luang___Vientiane___Laossaunas aux herbes et les massages laotiens, un peu différents de ceux qui sont pratiqués en Thaïlande.
Arrivés sur place, on se rend compte que saunas et massages se font dans des petites cahutes en bois sur pilotis, en dehors du temple, dans un sous-bois.
Ici, pas de chi-chis, on oublie musiques électro-zen, parfums de fleurs et matelas immaculés.
Ici, les masseurs n’ont pas les mains très propres, quelques moustiques vous piquent de temps à autre, les draps sont décorés de dessins de Disney et les chiens aboient sous la maison.
Mais tout cela est tellement authentique, expert et chaleureux.

Dîner assis sur des nattes au bord du Mékong, agrémenté d’une excellente Beerlao (médaille d’or à Bruxelles en 2006 !).

Vientiane - Vang Vieng : 3 heures de bus.
Vang Vieng  est une sorte de Disneyland pour routards :Kayak_sur_le_Nam_Song___Vang_Vieng___Laos
- Les auberges, les massages, la bière et la marijuana ne sont pas trop chers,
- Les restaurants servent entre autres hamburgers, pizzas et pancakes, avec projection en continu des derniers blockbusters américains ou des épisodes des Simpson ouRizi_res_alentours_Vang_Vieng___Laos de Friends,
- On peut faire des descentes de rivière en raft, kayak ou chambres à air de tracteur. Certains routards font la descente saouls et/ou défoncés à la ganja,Trap_ze_sur_le_Nam_Song___Vang_Vieng___Laos
- Dans les fun parks le long de la rivière Nam Song, du fait de sa profondeur, on peut faire du trapèze de cirque suivi du grand plongeon. Le tout avec musique commerciale à fond dans les oreilles et bière fraîche disponible.
Attention : les plats dont la désignation commence par « happy » (crêpes, pizzas, etc.), sont assaisonnés de fleurs de cannabis.

Bord_du_Nam_Song___Vang_Vieng___LaosAutour de Vang Vieng, le fleuve Nam Song serpente aux pieds de dentelles de collines karstiques.
Il y aussi des grottes très profondes (jusqu’à 3 km dans une direction horizontale) à visiter avec de belles stalactites et stalagmites, parfois des bouddhas à l’intérieuBouddha_grotte_de_Tham_Hoi___Vang_Vieng___Laosr.
Certaines de ces grottes sont partiellement immergées : il faut utiliser des chambres à air gonflées pour les visiter. La cave de la photo de gauche peut se visiter jusqu’à 500 mètres à l’intérieur de la montagne.
Grotte_Tham_Nam___Vang_Vieng___LaosOn traverse également quelques villages de minorités ethniques (Hmongs et Khamu) qui ne sont cependant plus habillés de leurs tenues traditionnelles. C’est le gouvernement laotien dans son effort de standardisation qui a construit ces villages sans tenir compte des traditions ethniques.

Vang Vieng – Luang Prabang en bus : 6 heures sur une route zigzaguant dans les montagnes.
Beaux paysages karstiques et villages dont les maisons n’ont pas encore trop intégré de matériaux modernes. Cela change des maisons des nouveaux riches des villes avec leurs colonnes grecques, leurs balustres couleur guimauve et leur simili fer forgé aux pointes dorées…

Luang_Prabang___LaosSur les bords du Mékong, Luang Prabang a conservé son atmosphère nonchalante. La majorité des bars et restaurants a toujours la touche coloniale d’antan grâce à son classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le jour où les hideux câbles électriques aériens seront enterrés, la ville approchera la perfection selon moi.Maison_coloniale_Villa_Santi___Luang_Prabang___Laos
Alternativement aux bons plats laotiens et au lao-lao (alcool de riz à 40°), on peut y manger de très bons mets français (y compris de bonnes viennoiseries et du bon vin).

À l’époque où les Français se sont mis à construire des maisons (avec de la main d’œuvre vietnamienne, la locale ayant peu trouvé grâce aux yeux des colons…) au milieu des magnifiques temples bouddhistes centenaires de Luang Prabang, je me Temple_Wat_Xieng_Thong___Luang_Prabang___Laosdemande si on ne les a pas pris pour des iconoclastes. Toujours est-il quTuk_tuk___Villa_Santi___Luang_Prabang___Laos’aujourd’hui, cette ville attire les touristes autant pour ses temples que pour ses vieilles bâtisses coloniales.
L’AFD (Agence Française de Développement), actionnaire de mon ancien employeur, y finance de nombreux projets de rénovation.

Tuk-tuk jusqu’à Tat Kuang Si, à 32 km au sud de Luang Prabang. Des étangs aux eaux turquoises créés par des travertins permettent de belles baignades. En amont de ces bassins, une très belle cascade rebondit sur des blocs de calcaire comme dans les étampes chinoises.Tat_Kuang_Si___alentours_Luang_Prabang___Laos

Aum_ne___Luang_Prabang___LaosLever à 5h30 du mat pour assister à l’aumône. Une file indienne de moines marche dans les rues pour la collecte de leur unique repas de la journée.
Cette ville se transformant en musée à ciel ouvert, elle se vide de ses vrais habitants. Ce sont maintenant les touristes peu informés sur les coutumes qui nourrissent les moines. Il y a des vendeuses ambulantes qui profitent de la béatitude spirituelle temporaire des Occidentaux pour leur fourguer des plateaux-offrandes dont le prix est fixé après le don…
Résultat, les moines ne pouvant plus se nourrir correctement, avaient décidé de rejoindre la nouvelle ville. C’était sans compter le dictat du gouvernement soucieux de préserver cette tradition devenue touristique, qui leur a imposé de rester…Grottes_de_Pak_Ou___alentours_Luang_Prabang___Laos

À une heure de tuk-tuk au nord de Luang Prabang : les grottes de Pak Ou, dans les falaises calcaires du Mékong, ont été ornées de milliers de statues de Bouddha.

Slow_boat___M_kong___Luang_Prabang___LaosSlow-boat sur le Mékong de Luang Prabang jusqu’au village de Tha Suang : 8 heures.
La vie sur les bords du fleuve n’a pas dû beaucoup évoluer depuis des siècles. On y voit toujours des buffles d’eau ruminer, des enfants qui jouent aux toboggans dans la glaise, des pêcheurs avec leurs chapeaux chinois, des cahutes en matériaux 100% naturels…M_kong_entre_Luang_Prabang_et_Tha_Suang___Laos

On enchaîne avec une heure de pick-up 4x4 sur les routes de montagne, jusqu’au village de Hongsa.
Il n’y a pas vraiment grand-chose à voir ou à faire à Hongsa.
Les éléphants apprivoisés qui peuplaient le village ont été remplacés par les engins motorisés, et les pachydermes se sont retirés dans les forêts avoisinantes.
Il y a très peu de restaurants (en fait, deux ou trois que l’on peut réellement désigner comme tel).
Nous mangeons du Laap (plat traditionnel laotien composé de viandes ou de poissons hachés mélangés à de la menthe fraîche, de la citronnelle et du piment) à quasiment tous les repas. La bière tiède est rafraîchie avec des glaçons…
Rizi_res_alentours_Hongsa___LaosNous logeons au Jumbo Guest House. Cette structure est gérée par Oliver, d’origine allemande, né en Thaïlande.
Il habite la majeure partie de l’année à Luang Prabang. Nous avons donc de la chance qu’il soit présent car il partage gentiment avec nous, dans un français parfait, sa connaissance très fine de cette partie de l’Asie.
Il a remis au goût du jour au Laos le savoir-faire de l’élaboration du papier fait à partir de l’écorce du mûrier. De très beaux abat-jours ou des toiles que l’on peut peindre sont confectionnés avec ce support naturel.
Oliver a connu Jim THOMPSON, l’homme qui a relancé l’industrie de la soie en Thaïlande et qui a mystérieusement disparu en Malaisie. L’idée de M. THOMPSON de retourner les façades des maisons Thaïs (les belles sculptures étaient originellement orientées à l’intérieur) lui aurait été soufflée par la mère d’Oliver…

El_phant___Hongsa___LaosBalade à dos d’éléphant dans la campagne et au milieu des villages des Thaï Lü (ethnie minoritaire).
Randonnée dans la forêt primaire. La seule raison pour laquelle cette jungle n’ait pas encore été abattue, c’est que les cendres des défunts y sont répandues après les crémations ; les habitants sont persuadés que les esprits des ancêtres résident dans les arbres.

On est samedi, tous les transports publics ont été mobilisés pour le grand marché hebdomadaire sur la frontière thaïlandaise (à quelques kms de là). Nos devons louer un pick-up 4x4 avec chauffeur pour retourner à Tha Suang. Nous devons ensuite reprendre un bateau pour joindre Pak Beng. Nous essayons,Speed_boat___M_kong_entre_Tha_Suang_et_Pak_Beng___Laos pour changer, le speed-boat local. Il s’agit d’une coque profilée en bois affublée d’un gros moteur et d’un arbre à hélice hypertrophié. En théorie, les ports du casque et du gilet de sauvetage sont obligatoires. Ces speed-boats doivent atteindre 70 km/h, voire plus. Dans les mini rapides du Mékong, c’est assez impressionnant. L’activité « Shotover Jet » de Queenstown en Nouvelle-zélande, la rigueur anglo-saxonne en moins…
Les places assises sont prévues pour des gabarits de Laotiens. De plus, le pilote voulant rentabiliser sa course, il charge un maximum de personnes. Heureusement, le trajet ne durait qu’une demi-heure car nos jambes étaient déjà pleines de fourmis après 5 minutes.

Nuitée à Pak Beng, village de transit assez sympathique, quoiqu’il n’y ait rien de spécial à y faire. L’électricité n’est disponible qu’entre 18h00 et 22h30.
Notre but est de rejoindre Huay Xai, ville frontière avec la Thaïlande.

Le lendemain, pour atteindre Huay Xai, dilemme : nous hésitons entre le slow-boat, peu cher mais bouffant une journée complète (8 à 9 heures de trajet) et le speed-boat, bien plus dangereux et peu généreux en espace vital pour les jambes.
Nous décidons de louer les services d’un speed-boat pour nous seuls. Le bureau de navigations nous propose Speed_boat___Tha_Suang_vers_Pak_Beng___Laoscela pour 150 $ (plus tard on se rendra compte que le prix moyen du marché est de l’ordre de 80 $). Nous allons rejoindre Huay Xai en 2 heures nous disent-ils…
En fin de compte, nous avions bien de l’espace pour les jambes (2 places chacun), mais d’autres personnes sont venues au fur et à mesure de l’avancement sur le Mékong, s’entasser derrière nous. Nous avions la désagréable impression de nous sentir dans la peau de riches colons…
Au final, cela nous a pris 5 heures au lieu des 2 annoncées (le speed-boat s’étant arrêté avant Huay Xai : il fallait tout d’abord prendre un taxi et ensuite attendre que le taxi se remplisse)…
J’ai fait comprendre au pilote de speed-boat qui retournait sur Pak Beng, en mimant des gestes de muay thaï (boxe thaïlandaise), de dire deux mots au personnel du bureau de navigations…
Nous avons appris par la suite qu’une sorte de mafia locale détenait un quasi-monopole sur les speed-boats du Mékong.

Dès notre arrivée à Huay Xai, nous entrons en contact avec « The Gibbon Experience », (http://www.gibbonx.org/gibbon_project.php) une société lancée par des Occidentaux, sur l’idée d’un Slash_and_burn_alentours_Muang_Sing___LaosFrançais et dont les employés sont désormais tous des locaux.
Le concept me plait énormément, il concilie deux objectifs qui étaient initialement opposés : le développement économique des tribus des montagnes (également dites minoritaires) et la préservation de la forêt primaire. En effet, les uniques options pour les ethnies minoritaires (Hmongs majoritairement) de sortir de la misère étaient :
1- de détruire la forêt selon la technique dite du brûlis (le mot anglophone est plus parlant : « slash and burn ») pour la remplacer par des cultures vivrières (vue à très court terme car l’appauvrissement de la terre est rapide dans ce cas et il faut reproduire le même schéma sur l’hectare de forêt avoisinant quelques années après),
2- d’abattre la forêt pour en vendre les grumes à vil prix aux Chinois ou aux Thaïlandais,
3- de planter du pavot pour en tirer de l’opium (le triangle d’or est à un jet de lance-pierre).
4- de braconner les espèces menacées et de les vendre au marché noir (ours d’Asie, tigres, gibbons, etc.).
Désormais, ces montagnards sont gardes forestiers, guides, cuistots, etc. pour « The Gibbon Experience ».

Papillons___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___LaosNous avons de la chance, deux clients se sont désistés, nous obtenons donc deux places pour le lendemain. Les trois autres personnes qui avaient réservé deux semaines auparavant, et qui passeront trois jours et deux nuits avec nous, sont un couple de Néo-zélandais et une Israélienne, très sympas.
Au matin, nous empruntons tous les cinq avec le Land Cruiser et son chauffeur, la route quasiment achevée qui relie le Yunnan à la Thaïlande (ce dernier pays et la Chine n’ont pas de frontière commune). Soit dit en passant, cette route a été entièrement financée et construite par les Chinois. On sent l’artillerie lourde. L’environnement en pâtit sérieusement. Un écologiste laotien qui s’opposait au tracé de cette route qui balafre le parc national de Nam Ha NPA (National Protected Area), plus au nord, a récemment disparu sans laisser de traces…
Arrivés à hauteur du village de Ban Ta Fa, toujours en 4x4, nous traversons un gué puis empruntons des sentiers boueux.
Les Hmongs deviennent majoritaires dans cette localité.Enfants_Hmongs___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laos
Le chauffeur en profite pour faire monter à bord des personnes âgées, des femmes et des enfants qui vont dans la même direction que nous.
Le véhicule est garé dans un petit village hmong et nous continuons à pied pour nous enfoncer dans la jungle de la réserve naturelle de Bokeo. Certaines surfaces de la forêt ont été « slashed and burnt ». Mais bon, ces gens ont faim…
Dans l’une des cahutes isolées dans laquelle nous nous arrêtons, un ourson (recueilli après que sa mère ait été tuée par des braconniers) traîne autour de l’âtre pour y Ourson___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laoschaparder quelques friandises. Malgré son apparence de peluche, il faut s’en méfier car il a la fâcheuse habitude de vouloir mordre sournoisement les mollets de tous les humains qui passent à portée de mâchoire.

Les organisateurs nous avaient prévenus que nous aurions peu de chance d’apercevoir des singes, je comprends néanmoins le pourquoi de l’appellation « The Gibbon Experience » : NOUS allons faire les singes ! En effet, nous empruntons des tyroliennes dont les câbles sont suspendus parfois à 40 mètres du sol au-dessus de la canopée et sur des Tyrolienne___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosdistances allant jusqu’à 300 mètres. Ensuite, nous dormons dans les Cabane_dans_les_arbres___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosarbres, plus précisément dans une cabane construite dans un arbre à 40 mètres du sol.
La cabane dispose d’eau courante, de toilettes à la turque et d’une douche. Au travers de la cuvette des WC et entre les lattes de la douche, on distingue le sol 40 mètres plus bas…
La cuisine est sur la colline d’en face, il faut emprunter une tyrolienne pour y accéder et une autre pour en revenir (forcément, le point d’arrivée doit être plus bas que celui de départ…).

Le jour suivant, randonnée dans la jungle (6 heures de marche) jusqu’à une petite cascade dont l’eau est propice à la baignade. Dommage qu’il y ait tant de sangsues en chemin.

Le dernier jour, nous nous réveillons à 5h30 du mat pour tenter de voir les gibbons. Après une bonne heure de marche dans la boue, nous approchons du pied de l’arbre qui les héberge chaque nuit. Arrivant le premier, j’arrive à voir les quatre derniers gibbons (le groupe serait composé d’une trentaine d’individus) quittant le nid en quête de nourriture. Leur agilité permise par leurs gigantesques bras est impressionnante, ils voltigent d’arbre en arbre. Mes compagnoHmongs___The_Gibbons_Experience___Bokeo_Reserve___Laosns de marche sont moins chanceux, lorsqu’ils arrivent sur place, les primates sont déjà loin.

Couverts de boue et de suçons, nous retournons jusqu’au village hmong. De là nous reprenons le 4x4 jusqu’à Ban Ta Fa où nous disons au revoir à nos trois compagnons qui retournent vers Huay Xai (au sud-ouest), tandis que nous continuons vers Luang Nam Tha (au nord-est) en grimpant à bord d’un « taxi-brousse ».

Nous passons une nuit à Luang Nam Tha, ville sans charmes, carrefour de commerce entre la Chine et la Thaïlande, puis montons dans la benne aménagée d’un pick-up pour le village de Muang Sing, habité par de nombreuses ethnies minoritaires (Thaï Lü, Thaï Neua, Thaï Dam, Hmong, Mien, Lolo et Akha (à ne pas confondre avec les Hakka)).
Dans les rues de Muang Sing, certaines femmes qui ont conservé leurs habits traditionnels (particulièrement de belles coiffes très colorées), tentent sans arrêt de nous vendre des bricoles et de l’opium.
Alentours_Muang_Sing___LaosNous louons un scooter et partons au hasard sur les petites routes alentours. Dans les villages que nous traversons, les huttes ont presque toutes des toits de raphia (la tôle n’a pas encore gagné). Les gens y sont pauvres, mais ils ne meurent pas de faim et sont relativement propres sur eux. Leur fort esprit communautaire suppléé par une terre très fertile, fait qu’ils n’ont pas besoin du soi-disant socialisme mis en place par le gouvernement communiste.

Bien que les plats ne soient pas très excitants, un dîner très animé et drôle s’improvise avec deux New-yorkaises (une d’origine italienne, une autre d’origine suédoise), deux Chiliens habitant la Nouvelle-zélande et un Australien de Sydney. En fait, les seuls falang du village…H_pital___Muang_Sing___Laos

L’hôpital de Muang Sing fait un peu pitié, je n’aimerais pas subir une grosse intervention chirurgicale dans ses locaux…

Après cette excursion dans les montagnes du nord Laos, nous décidons de retourner un peu à la civilisation : Luang Prabang.
Pour cela :
1- de Muang Sing à Luang Nam Tha : 2 h de pick-up,
2- de Luang Nam Tha à Udomxai : 4 h de minibus bondé à craquer,
3- de Udomxai à Luang Prabang : 5 h dans un vrai bus avec cette fois de la place pour les jambes,
Total et d’affilées : 10 h.
Aouch !
La première chose qui nous fait plaisir en arrivant, ce sont les restaurants et la diversité de plats qu’ils proposent.
Question nourriture, je ne suis pas difficile en général, mais j’avoue que dans les montagnes, j’ai souvent senti mon estomac vide réclamer de la nourriture tandis que mon cerveau n’avait aucune envie de se mettre à table. Il fallait que je me force à avaler ma pitance (déjà que je ne suis pas bien épais…). Peut-être est-ce l’accumulation durant ces derniers mois de périodes d’absence de diversité alimentaire (pourtant ponctuées de « fastes alimentaires » à Singapour, Hong Kong, etc.) ?…Luang_Prabang_2___Laos

À Luang Prabang, nous retrouvons nos deux enjouées New-yorkaises rencontrées à Muang Sing et nous refaisons une bonne bouffe tous les quatre aux « 3 Nagas », un restaurant qui a su allier les cuisines laotienne et française, façon haute gastronomie. Très réussie et recommandée par le New York Time.

Nous prenons l’avion pour Vientiane.
Quelques heures plus tard, nous sautons dans un bus de nuit (sans vraies couchettes, mais avec des sièges bien inclinables, cependant encore loin de l’espace 180° d’Air France…) jusqu’à Pakse (sud Laos).
Barge_sur_M_kong_entre_Pakse_et_Champasak___LaosPuis nous enchaînons directement sur un autre bus jusqu’à Champasak. Afin de traverser le Mékong, ce dernier bus doit embarquer sur une barge bricolée (3 coques d’acier équipées d’un moteur sur lesquelles sont visées des planches de bois). Les petites vendeuses de nouilles et de brochettes de criquets grillés grimpent Barge_2_sur_M_kong_entre_Pakse_et_Champasak___Laoségalement à bord. Elles portent toutes des chapeaux chinois.
Les gens ici, dans le sud du Laos, semblent encore plus cools que dans le nord. Ils sont nombreux à avoir la peau très mate, du fait de la forte présence de personnes d’origine khmère (la frontière avec le Cambodge est très proche).

M_kong___Champasak___LaosNous logeons dans une petite auberge dont la grande terrasse donne directement sur le Mékong.
Nous rencontrons un Allemand et un Thaïlandais (d’origine chinoise qui habite l’Allemagne depuis 20 ans) qui voyagent ensemble. L’Allemand parlait très bien français ; le Thaïlandais très bien allemand, mais moyennement l’anglais ; les Laotiens en général parlent bien le thaï car ils sont abreuvés par les émissions de télévision de leur puissant voisin.
Pendant trois jours, lors d’excursions, nous avons régulièrement croisé la route de ce couple germano-thaï. Il était amusant d’obtenir la traduction en chaîne de commentaires laotiens par un Thaï interprétant en Alentours_Champasak___Laosallemand, pour finir l’explication d’un dernier intermédiaire en français. Je suis clair ?...

Nous louons des vélos.D_tail_Wat_Phu_Champasak___Laos
Les alentours de Champasak sont magnifiques. De nombreux paysans labourent encore leurs champs grâce à la traction animale des buffles d’eau, un chapeau chinois visé sur la tête. Nous visitons Wat Phu Champasak, temple khmer classé dans une catégorie dite pré-Angkor. De taille bien plus modeste qu’Angkor Wat, la finesse des sculptures et des bas-reliefs y est néanWat_Phu_Champasak___Laosmoins exceptionnelle.

Chutes_de_Khon_Phapheng___M_kong___Si_Phan_Don___Laos3 heures de bus jusqu’à Si Phan Don (signifiant 4.000 îles). À cet endroit, le Mékong s’élargit considérablement et se pare d’un immense archipel d’îlots, dont certains ont des plages bordées de cocotiers. Lorsque l’on remonte ce fleuve du Viêt-Nam puis du Cambodge, au niveau de Si Phan Don, il faut emprunter un autre moyen de transport que le bateau car des cataractes font obstacle.

Nous logeons sur l’île de Don Det. De nombreux routards viennent se reposer dans ce havre de paix exempt de véhicules. Seules les pirogues à moteur passent de temps à autre sous les fenêtres.
Les hôtels ne sont constitués que des petites cabanes en bois. L’électricité n’est disponible que de 18  à 21 heures. Malgré la présence de nombreuses pensions de familles, l’intérieure de l’île est toujours couverte de rizières cultivées à l’ancienne.

Bus jusqu’à Pakse, puis autre bus jusqu’à Bon Ratchathani (en Thaïlande) et enfin bus de nuit jusqu’à Bangkok.
Retour brutal à la société de consommation exagérée. Nous sommes cependant contents d’aller au cinéma dans de superbes salles…

Moana reprend l’avion pour Tahiti.
Mon voyage reprend une tournure solitaire.

Plus de photos sur :

Laos nord : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600695927643/detail/

Laos sud : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/72157600728259873/detail/

Toutes mes photos : http://www.flickr.com/photos/9328599@N03/sets/

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Commentaires
H
Ahhh ca faisait longtemps ! En tout cas c'est beaucoup mieux que les aventures de Tintin ! Bon gt contente de te voir en photo, o moins c sur que tu nous racontes pas que des histoires !!!!<br /> Bon, sinon, newsette : Paris hilton est sortie de prison... tjs tres glamour... Angelina et Brad pitt ont passé le week end en amoureux à bilbao... Pour le reste (politique...;) je ne suis pas o courant ! lol<br /> Bon, quelle est la prochaine destination ???<br /> J'espère que tu n'iras pas o darfour, car d'apres ce que g entendu c pas super top en ce moment... et evite aussi... Bagdag, et Gaza !<br /> voila a bientot CHLE DIK ! BISOUS de tahiti
N
ouaw, non seulement on resort de tes récits la tête pleine d'envie d'aventure, mais moins inculte !!!<br /> le contraste entre le nord et le sud est impressionnante.<br /> Je ne pensais pas que la France y avait laissé une telle empreinte, apparemment aussi forte qu'au vietnam.<br /> J'ai adoré le passage « The Gibbon Experience », pleine d'aventure avec les tyroliennes, les cabanes dans les arbres...<br /> Pour info : sur le site comin' de la Soc tes pages ont été consultées par plus d'une centaine de personnes!!!<br /> <br /> @+ N@t...
chaveroundworld
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